Il y a 36 ans, notre magazine naissait, avec l’ambition de mettre au cœur de sa ligne éditoriale, des valeurs humaines et de proximité, en vous soutenant et en accompagnant l’évolution de vos parcours et projets au fil du temps. Un temps long qui est essentiel dans la construction d’une carrière, mais que nous avons de plus en plus de mal à prendre, à l’époque du « tout, tout de suite » et de l’instantané des réseaux sociaux.
Depuis quelques années en effet, on voit la gastronomie fleurir sur les réseaux et dans les médias. Une très bonne chose qui

met votre travail et ce magnifique univers en valeur mais dont le revers n’est pas négligeable. La course à l’instantanéité et les réseaux sociaux ont l’effet pervers de mettre en valeur des individus au détriment d’un collectif pourtant indispensable en cuisine, en même temps qu’ils effacent peu à peu les identités au profit d’une uniformisation « bankable » de l’image du chef. Et pendant qu’on court après l’image que l’on se doit de renvoyer, on en oublierait presque le temps de la transmission et du travail, de la réflexion, de la construction de sa propre identité sur le long terme. C’est notre rôle aussi de rappeler chaque mois qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’être chef. Il n’y a pas qu’un seul modèle de réussite, qu’une seule façon de s’exprimer ou de s’épanouir. Et c’est cette diversité des personnalités, des parcours et des carrières qui fait la richesse de la gastronomie française et que nous essayons de relater chaque mois dans nos pages.
Ce temps, nous le prenons aussi à contre-courant de la fast-médiatisation, pour témoigner de vos évolutions. Le 19 septembre, nous venons d’organiser la 36e édition des Trophées Le Chef, qui est devenu un rendez-vous majeur pour fédérer la profession. En 36 ans, nous y avons distingué dès leurs débuts, des chefs qui sont aujourd’hui devenus de grands noms de la gastronomie française, à l’image d’Olivier Nasti (Espoir 1995), Emmanuel Renaut (Tremplin 1998), Alexandre Couillon (Espoir 2005), Mathieu Guibert (Espoir 2008), Andrée Rosier (Tremplin 2008), Akrame Benallal et David Toutain (Tremplins 2011) ou encore Fanny Rey (Tremplin 2013), pour ne citer qu’eux. Depuis tout ce temps, nous vous suivons et nous continuons de nous rapprocher encore un peu plus de vous et de la réalité de votre quotidien, à travers nos rencontres « Chefs à Table ». Depuis quelques mois, nous corroborons cet engagement national dans vos régions, dans vos maisons, et vous regroupons pour des moments de partage et de convivialité à plus petite échelle. Ces rencontres sont aussi là pour créer du lien, en « vrai », et sont une nouvelle preuve de la proximité avec laquelle nous souhaitons travailler, pour être le plus en phase possible avec vos enjeux et problématiques, et pour continuer à vous apporter des outils et la meilleure information possible.
Anne Luzin
Dans notre article sur Hélène Darroze du précédent numéro, nous avons omis de mentionner le crédit des photos du reportage dont l’auteur est Alban Couturier.