
La délocalisation de l’industrie française dans les pays à bas taux de charge et à faible coût de main d’oeuvre entamée au milieu des années 80 atteint aujourd’hui son point culminant. La majorité des articles de consommation courante vendus en France, hors alimentation, provient de pays que l’on appelle émergents. Seul le verrou de sa politique agricole commune empêche le même déferlement des produits agro-alimentaires des pays émergents agricoles sur la France. Mais les tensions dans l’Organisation Mondiale du Commerce sont telles que les barrières vont finir par céder.
Le tourisme jusqu’ici avait été perçu comme à l’abri de ces délocalisations. Les raisonnements faussement logiques du type « on ne délocalisera pas le Louvre ou le Mont Saint-Michel, ou la gastronomie de nos belles campagnes » ont empêché les décideurs de bâtir des analyses pertinentes. Le tourisme ne se résume pas aux visites culturelles, et de loin. Le tourisme familial et le tourisme de fête ont, depuis vingt ans, relégué le tourisme culturel à un second rang. Le tourisme de
fête qui avait été une spécialité française depuis Napoléon III et qui avait survécu avec les âges d’or de Saint-Tropez, Megève et Courchevel, a déserté en bonne partie notre pays. L’Espagne qui avait d’abord développé un tourisme de masse assez efficace et qui attire encore de grandes nombres de touristes, dégageant un chiffre d’affaires supérieur à celui de la France, a, ces dernières années supplanté notre pays en tourisme haut de gamme de fête. De nombreux pays ont, depuis, fait exploser leur fréquentation touristique grâce à des produits au rapport qualité / prix impossible à concevoir en France. Mais ce qui est le plus marquant est l’émergence d’un tourisme de luxe et de fête dans un pays comme le Maroc où Marrakech est en train de détrôner St Tropez, attirant toutes les personnalités européennes et surtout françaises. Heureusement, les professionnels français sont très présents dans cet essor, mais cela souligne encore plus crûment les énormes carences du système économique et social français qui étouffe le dynamisme des meilleurs nationaux.