Il est amusant de voir que dans la tournure que prend le débat sur la cuisine moléculaire, les journalistes et critiques qui ont encensé ce mouvement sont ceux qui le déclarent aujourd’hui comme nul et non avenu. Plus sérieusement, au niveau des chefs, ce mouvement, qui a généré beaucoup d’idées nouvelles parmi les jeunes chefs commence à montrer ses limites. Pour retrouver une assise plus large de clientèle, ces jeunes chefs retrouvent des recettes plus conventionnelles, où plutôt, ils puisent leurs idées dans un fond plus classique.
Il faut à ce sujet prendre de vision historique. A chaque époque, il y a des jeunes chefs et des moins jeunes. Des novateurs et des classiques, jeunes ou plus âgés. Depuis 22 ans, le magazine Le Chef aide les jeunes à se faire connaître et rappelle les qualités des anciens afin qu’ils ne soient pas oubliés. Le concours de l’Espoir de l’Année crée en 1987, et les Trophées Tremplins de l’Année créés en 1990, suivent cette logique. De même le Festival de la Créativité Gastronomique, créé en 2004, a déjà fait s’exprimer devant un public plus de 100 jeunes chefs qui ont montré leurs capacités créatives.
Les jeunes d’une époque deviennent les hommes mûrs de l’époque suivante et ils ne perdent rien de leur attrait pour avoir pris de l’expérience. C’est une chaîne continue, liée aussi à la transmission, qu’il est arbitraire et imprudent de vouloir rompre. La force de la gastronomie française