
Certaines trajectoires de vie sont toutes tracées. D’autres s’avèrent plus sinueuses, moins prédictibles, façonnées de détours et de chemins de traverse. Loin d’être des écueils et pertes de temps, ces expériences forgent un chef et lui procurent les clefs de l’épanouissement futur. À l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Émilion, Ronan Kervarrec est de cette trempe de chefs, dont l’actuelle réussite n’est autre que le fruit d’un parcours riche de précieuses différences.Dominant les vignes, la cité médiévale de Saint-Émilion attire chaque année près de 1,5 million de visiteurs. Au sommet de cet entrelacs de rues escarpées et jouxtant l’église monolithe, se trouve l’Hostellerie de Plaisance, un ancien couvent reconverti en un hôtel de prestige à la table doublement étoilée. Depuis juin 2016, Ronan Kervarrec est aux commandes en cuisine. Une fonction à la hauteur de son talent mais dont personne, à commencer par l’intéressé, n’aurait pu prédire telle destinée. Car le parcours de Ronan Kervarrec est un véritable feuilleton où la famille, les rencontres, le travail acharné et la volonté s’entrelacent au gré des époques, véritables chapitres de vie.
L’enfance
Tout commence dans le Morbihan à Hennebont, plus précisément au Toul-Douar [nldr, « trou de terre » en breton] l’auberge d’Alban et Simone Kervarrec. « Mon père réalisait une cuisine de cœur, simple et généreuse. C’était un passionné de produits de qualité et de fraîcheur », se souvient Ronan Kervarrec. « Ils tenaient un endroit très festif tout le temps complet !