Paris est une ville surprenante où l’on trouve des bistrots tenus par d’anciens chefs trois étoiles. Le Dauphin, avec les excellents Didier Oudill et Edgar Durr, n’est plus un cas à part : Bertrand Gueneron, en reprenant le Bascou à Jean-Guy Lousteau (ancien sommelier d’Alain Dutournier), a doté le 3e arrondissement d’un établissement qui devrait retenir l’attention. Cette reprise de bistrot semble un peu tardive pour un chef comme Bertrand, mais le coeur a parlé, et il semble bien que, dans la plupart des cas, un chef ne se sente bien que dans son propre restaurant. Il y fait la cuisine qu’il a en tête et se libère de toute une série de contraintes.
Au plus haut
de la gastronomie
Le cheminement de Bertrand est plus original et plus riche que celui de la plupart des chefs. Son nom est associé à celui d’Alain Senderens pour lequel il a travaillé dix-huit ans. Fils d’un père maquignon et d’une mère charcutière bouchère restauratrice, il a connu la cuisine des noces et banquets que sa famille préparait pour le village breton dont il est originaire et pour la région environnante. Il a encore les grandes bassines de cuivre dans lesquelles sa grand-mère mitonnait les langues de boeuf sauce madère. La seule demi-journée de repos de ses parents, le dimanche après-midi, débutait immanquablement par un repas dans un bon restaurant des Côtes d’Armor. Sinon pas de