Michel Chabran a toujours su faire face aux événements et à l’adversité, sans se retirer sur son Aventin, en gardant une grande ouverture sur les attentes de la clientèle. Parti d’un tout petit établissement familial, par étapes et grâce à son talent, il décrocha la première étoile en 1977 et la seconde en 1985. Il a profité à plein du boum sur la restauration gastronomique des années 1980. Mais en 1988, il perd cette seconde étoile qui l’avait amené à figurer dans le peloton des grands de la cuisine française. D’autant qu’avec un décor très contemporain, il s’était taillé une réputation de créatif avant-gardiste, contrepoint positif du très traditionnel Pic. Sa cuisine s’intégrait bien dans le mouvement de novation qui redynamisait la gastronomie française.
Mais en pleine réussite, avec une belle notoriété, la seconde étoile lui était retirée en 1988. «Je reconnais que j’avais pris des contrats au Japon et que j’étais moins présent. Je n’avais peut-être pas structuré suffisamment l’équipe ici et la maison avait perdu de son dynamisme et de sa régularité.» Il eut, à cette époque des derniers grands feux de la gastronomie triomphante, la volonté de se remettre en question. Son décor est complètement refait. Du très contemporain qui se démode assez rapidement, il opte pour un décor très «Dauphinois», hors du temps,