Durant ces dernières années, la cuisine française a subi un double choc de notoriété sur le plan international. Tout d’abord, du fait de la cuisine fusion issue d’un mouvement venu de la côte ouest américaine, et ensuite de la recherche de l’innovation totale du chef catalan Ferran Adria. De 1993 à 2003, la cuisine française vivait un mouvement de repli, se croyant à l’abri grâce à une position de monopole, et cherchant son inspiration dans son terroir repensé.
En soi, ce mouvement de néo-terroir était très riche en recherche de saveurs et de produits oubliés. Mais cette période fructueuse techniquement nécessitait de la part des consommateurs une culture culinaire et un palais qui étaient peu propices à son exportation. Le double choc international poussa la cuisine française à se percevoir délaissée et moins comprise des clients étrangers et à se bloquer psychologiquement face à la vague de mondialisation. Nombreux parmi les cuisiniers français furent sensibles à une opposition entre terroir et exception culturelle et mondialisation développée par des idéologues du gauchisme passéiste. L’assimilation abusive entre mal-bouffe et mondialisation privèrent un temps les cuisiniers français de leur dynamisme légendaire et les placèrent dans une position d’opposants.
Laboratoire d’intégration
Pourtant, la cuisine française, de tout temps, avait été un extraordinaire laboratoire d’intégration de tendances mondialistes. La Renaissance, l’âge classique, le xviiie comme le xixe siècle furent des périodes où les cuisiniers français ne craignaient pas