Il n’y a rien de plus difficile que de succéder à son père, surtout si celui-ci a acquis une forte notoriété dans un métier artistique. On peut se limiter à être son continuateur, ce qui est le plus dangereux à long terme, même si cela assure le court terme. Il faut être quelqu’un d’autre. Mais se définir en rupture assure mal les transitions. Jean-Yves Schillinger a trouvé la formule en faisant de la restauration tendance là où son père excellait dans la tradition. Plusieurs chefs, hommes ou femmes, ont été confrontés à cette épreuve redoutable : Jean-Pierre Jeunet, Jean-Michel Lorrain, Michel Troisgros, Gérald Passedat, Hélène Darroze et Anne-Sophie Pic. Ils ne sont pas les seuls. Arnaud Lallement, Alexandre Gauthier, Frédéric Doucet et d’autres ont réussi cet examen. Mais succéder à des figures emblématiques relève de la mission impossible. Georges Blanc, lui, a succédé à sa mère, ce qui représente un cas de figure différent car les relations mère-fils ne sont pas empreintes d’une concurrence potentielle comme cela peut être le cas entre hommes. Dans le cas des très grands chefs, leur nom et leur personnalité ont incarné une génération. Si le père est bien ancré dans la sienne, il sera forcément un exemple de différenciation, sinon de rupture. Le passage de témoin est plus aisé pour un père en avance sur son temps que pour un père qui symbolise son époque, car ce
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