Richard Neat, au premier abord, ne ressemble pas à l’image que l’on se fait d’un chef de cuisine, même anglais. A mi-chemin entre le dandy et le routard, il affiche, face à la cuisine, un faux détachement qui peut tromper un observateur non averti. Son côté énigmatique se retrouve dans sa carrière. Il a commencé à être connu alors qu’il travaillait au Manoir des Quatre Saisons de Raymond Blanc, véritable institution gastronomique en Angleterre. Dans ces cuisines passe une bonne partie de la future élite culinaire anglaise. Mais, selon ses collègues de ce moment, il fut considéré comme un des meilleurs. Il confirma ce diagnostic en prenant un poste clé dans la brigade. Il fut aussi un des très rares jeunes cuisiniers anglais à travailler chez Joël Robuchon, apprécié au point d’y prendre le poste de chef de partie saucier.
Ce n’est donc pas pour rien qu’il fut désigné comme le meilleur jeune cuisinier de Grande-Bretagne.
Fort de ces qualités, il convainquit des associés pour monter un restaurant, le Pied à Terre, qui connut une popularité extrême et rapide. En trois ans, il décrocha les deux étoiles Michelin et fit de cette maison un rendez-vous de gastronomie des Anglais branchés. Mais, à la différence de nombre de ses confrères, il ne désira jamais réaliser des services de plus de 45 couverts et faire fructifier son nom dans un établissement de 120 places. Son purisme