On aurait pu craindre que Jean-Yves Leuranguer, après dix-sept ans au Martinez, dont dix comme premier sous-chef, abandonne l’idée de devenir chef d’une grande brigade. Lui, le fidèle exemplaire, ne semblait jamais s’être posé la question de l’accession au poste de numéro un, par trop grande modestie, par souci extrême de bien faire dans l’instant. Mais les années venant et la succession de son chef, Christian Willer, pas encore d’actualité, il se força à envisager l’avenir. Tenté par l’étranger, la Suisse par exemple, il fut attiré par le palace de Montreux en pleine restructuration de cuisine. Le directeur de l’établissement, géré par la chaîne Barrière, se dit, en voyant le candidat, qu’il avait peut-être en Jean-Yves la solution pour son inextricable problème du Fouquet’s Paris. Car si l’acquisition du très prestigieux établissement des Champs-Elysées permit au groupe de créer à Cannes un Fouquet’s très réussi et d’envisager d’autres implantations dans le monde il restait pour le nouveau propriétaire à remettre sur pieds une institution qui avait connu de fortes dérives. Plusieurs chefs de talents dont trois MOF ont déjà jeté l’éponge plus ou moins rapidement, ce qui a créé dans le monde parisien des grands chefs une très grande méfiance vis-à-vis de la mission Fouquet’s,
Lorsque l’on connaît Jean-Yves Leuranguer, homme de devoir et d’abnégation, de travail et de rigueur, on se