Lorsqu’il y a cinq ans, Marc Meneau a perdu sa troisième étoile, il aurait pu considérer que l’âge de la préretraite avait sonné après quarante-deux ans de travail. La plupart de ses conseillers lui indiquaient la voie raisonnable, celle de la gestion d’un restaurant double étoilé. Lui a choisi la voie de la passion, celle de l’excellence, préférant prendre un risque majeur pour son affaire.
: Comment avez-vous construit cette reconquête ?
Marc Meneau : Avant de parler de conquête, il faut envisager la défaite qui est un moment important car elle vous supprime votre statut d’homme. C’est comme une punition, comme un enfant qui est rétrogradé de classe, ou un général qui redevient colonel. Une période très dure où l’on se demande si l’on est devenu mauvais d’un seul coup ou bien si l’on a manqué de vigilance. Avec mon épouse Françoise, nous avons pensé que c’était une injustice ; c’est ce qui nous a donné de la force pour retrouver la place qui nous semblait correspondre à notre ambition. Nous avons fait réaliser un audit pour savoir d’où venaient nos failles. Si, pratiquement, cet audit ne sert à rien, il constitue psychologiquement un cheminement qui permet de se ressourcer et de reconstituer ses forces. La plupart de ceux qui nous entouraient nous conseillaient de nous conforter dans notre situation de double étoilés. Il n’y avait pas eu de cas depuis près