Avec un restaurant au nom du poète royaliste Chateaubriand et une ambiance libertaire faite de serveurs à l’allure soixante-huitarde, on s’interroge sur l’adéquation des deux. Mais à y regarder de plus près, il y a une approche faite de coquetterie et d’anticonformisme dans l’équipe d’Inaki, proche de ce qu’était le romantisme à ses débuts. La coquetterie consiste à prendre à rebrousse-poil le modèle bourgeois et bienséant de la gastronomie en voulant apporter la preuve au quotidien que la subtilité des saveurs pouvait trouver place dans un environnement apparemment grossier.
Même à déjeuner dans la formule à 14Û, le choix est difficile à faire parmi des entrées aux saveurs complexes et étudiées relevant des plats que l’on n’a jamais vus sous cette forme et dans ces compositions gustatives.
Un ensemble décalé
L’impression qui émane du restaurant est le décalage le plus grand entre le contenu et le contenant, entre l’essence et l’apparence. Cette liberté de ton qui d’ailleurs n’est jamais agressive, ce qui démontre sa subtilité, n’est pas la seule richesse du style, même si elle permet une calme exploration des saveurs. La force d’Inaki est de ne pas outrer ses idées et ses saveurs. Le décalé n’est pas si loin que cela du repère. Pour cette raison, le Chateaubriand s’adresse à une clientèle assez large, et surtout du fait de ses prix, réintègre dans la gastronomie des personnes qui n’auraient pas dû en être exclues. Mais comment ce