La saga des Pic est digne d’un roman qui pourrait illustrer les évolutions de la gastronomie française et la pertinence de ses choix. Avec quatre personnages principaux : le père, figure de proue de la haute gastronomie française des années 1970-1980, décédé en 1992 ; le fils, Alain, qui avait la tâche écrasante de succéder à une telle personnalité marquée par un très grand classicisme ; la fille, Anne-Sophie qui, au début, n’était pas programmée pour être cuisinière et son mari, David Sinapian, destiné à être cadre de grandes entreprises pétrolières. Et, en fond, l’histoire Pic, avec la statue du Commandeur, André Pic, un des plus célèbres chefs d’avant et d’après-guerre, père de Jacques, et lui-même successeur de Sophie Pic qui a fait connaître l’Auberge du Pin sur les hauteurs de Saint-Péray en Ardèche à la fin du xixe.
Anne-Sophie, de dix ans la cadette de son frère Alain, préféra s’orienter vers une école de commerce international afin de se donner le choix ou non de revenir dans l’entreprise familiale. Cela lui servit et lui rendit en même temps la tâche plus difficile. D’une part, elle rencontra son époux durant ses études supérieures et celui-ci a beaucoup pesé dans le renouveau de la maison. Elle acquit aussi une vision élargie de l’hôtellerie restauration et du tourisme. Elle n’apprit pas le métier de cuisinière selon le cursus habituel et cela ne lui facilita pas la tâche. Durant