Christophe Cussac est un des rares chefs à avoir pratiqué trois cuisines. La première, celle de son maître Joël Robuchon, la seconde qu’il a apprise à son arrivée à Tonnerre, d’inspiration bourguignonne, et la troisième, cuisine du Sud, qu’il a dû recomposer pour son arrivée à Beaulieu. Preuve qu’en cuisine, comme dans les affaires, aujourd’hui, beaucoup de professionnels doivent changer de vie et de style tout au long de leur carrière. A la mobilité géographique vient s’ajouter la mobilité intellectuelle. De nombreux jeunes cuisiniers auront sûrement dans l’avenir à intégrer cette leçon de souplesse et d’adaptabilité. La carrière rectiligne des anciens a vécu.
La destinée de la famille Cussac est assez particulière. Le père de Christophe, ingénieur des travaux publics, amoureux des vieilles pierres, a préféré abandonner son métier pour reprendre la pension de famille de la grand-mère, située dans une vieille Abbaye. La grand-mère, qui s’était lancée dans la restauration, désirait vendre son affaire. Son fils est devenu hôtelier, s’attachant à embellir d’année en année l’Abbaye pour en faire un lieu un peu magique. Christophe quitta ainsi Paris à l’âge de 8 ans pour se retrouver à l’Abbaye. Mais ce fut la cuisine plus que l’hébergement qui l’attira. D’autant que, dès le début des années 1980, le chef salarié de l’Abbaye avait décroché une étoile Michelin qui venait harmonieusement compléter le style de l’établissement devenu Relais et Châteaux. Christophe fréquenta l’école hôtelière