Lorsque Stéphane Laurier avait 15 ans, il ne voulait pas devenir cuisinier. S’il a suivi les cours de l’Institut Vatel, c’est pour s’orienter sur la direction d’hôtel. Le métier de cuisinier, il le connaissait trop ou plutôt il connaissait trop son côté usant. Son père, chef dans les palaces, avait terminé en dirigeant les restaurants des Rothschild à Megève. En se mettant à son compte dans la région stéphanoise, il avait repris la traditionnelle petite maison avec de non moins traditionnels menus. Rien de tout cela ne pouvait enthousiasmer le jeune Stéphane qui voulait vivre autre chose.
Et puis un repas chez Pierre Gagnaire bouleversa tous ses objectifs. L’originalité, le modernisme, le sens artistique du travail du grand créatif français avaient de quoi galvaniser une jeune intelligence.
Stéphane Laurier s’est finalement installé à son compte à Saint-Etienne en 1996, année où Pierre Gagnaire, usé par la province et pas suffisamment prophète en son pays, se retirait sous d’autres cieux. Cela n’a pas découragé Stéphane et ne lui a pas enlevé sa volonté de modernisme qu’il n’a cessé de renforcer. Et cela malgré une certaine réticence de la population locale. Nombreuses sont les villes de province qui ne sont pas d’excellents terreaux pour leurs artistes culinaires créatifs. Une question d’ambiance davantage que de papilles.
Le souci du décor d’aujourd’hui
La modernité, Stéphane l’a exprimée dans le décor et la vaisselle de son établissement, particulièrement aidé par son épouse, architecte d’intérieur.