Michel Bras est un des chefs français qui incarne le plus la notion de créativité culinaire. Pour lui, la créativité, mot qu’il revendique, est une prédisposition. Elle ne s’invente pas, ne se crée pas. «On l’a dans la peau. On ne devient pas créatif par un acte de volonté.» En revanche, elle se cultive au quotidien. Au départ, il y a la capacité de s’émerveiller, une forte curiosité qui rejoint très rapidement les couches profondes de l’affectif.
Chez Michel Bras, la créativité est fortement psychologique, liée à un processus émotionnel qui prend sa source dans son passé affectif et dont le berceau est le plateau de l’Aubrac. Son processus créatif se déclenche par déclic, une amande fraîche croquée, la vue d’une plante, d’une fleur. Le subconscient joue un rôle majeur, donc le créateur a du mal à formuler les étapes de l’association intellectuelle qui relie le déclic premier des éléments culinaires qui vont constituer le plat. Michel dispose aussi d’un large répertoire culturel (éducation, culture locale, souvenirs) qui sert de vivier dans lequel le subconscient va piocher les éléments qui serviront au processus créatif. Cette notion de structure créative se retrouve souvent dans la poésie, dans la musique et dans la peinture. Il n’y a aucune raison que l’on ne la retrouve pas dans la créativité culinaire.
La plupart de ses mouvements émotionnels créatifs, Michel Bras les a ressentis sur le plateau de l’Aubrac. C’est là