
La recette ressemble à s’y méprendre à celle d’une feta qui aurait mal tourné. Avec, au final, la fâcheuse impression qu’on nous raconte des salades et qu’on nous présente une addition trop salée. Restaurateurs, attention, l’indigestion guette !
Après avoir profité de la zone euro en trichant sur l’ampleur de sa dette, après avoir négocié à couteaux tirés et obtenu la quasi absolution de ses défauts de gestion, la classe politique grecque fait volte-face dans un mouvement ressemblant à s’y méprendre à un immense bras d’honneur.
A l’annonce du Premier ministre grec, Georges Papandréou, d’organiser un référendum sur l’approbation ou non du plan de sauvegarde complexe validé par l’Europe, les dirigeants européens sont tombés de leur chaise. On peut les comprendre. Consulter le peuple est une bonne idée, mais surement pas en plantant un poignard dans le dos de ceux qui se sont penchés au chevet du malade et lui ont apporté un remède de cheval : nouvelle aide à hauteur de 100 Mds€, abandon de 50 % de la dette détenue par des créanciers privés, recapitalisation des banques grecques.
Car, derrière ce référendum, se pose la question de l’éclatement de la zone euro. En renonçant au plan de sauvetage européen, la Grèce cesse automatiquement de bénéficier des dizaines de milliards d’euros qui lui permettent de faire face aux échéances de sa dette publique. La suite, on la connaît : banqueroute, sortie de l’euro, dévaluation massive et, surtout, de graves conséquences financières pour la stabilité et la viabilité de l’ensemble de la zone euro.
Des conséquences, d’abord, sur les consommateurs. Panique des marchés financiers, crainte de contagion à d’autres pays : autant d’éléments qui créent un sentiment de peur. Face à cette incertitude, les foyers vont naturellement se tourner davantage vers l’épargne et circonscrire leurs dépenses aux achats prioritaires, dont la restauration ne fait clairement pas partie.
Autres conséquences négatives : celles qui guettent les entreprises. Dans un contexte attentiste, les banques vont, encore plus difficilement, accorder des facilités de crédit, en particulier de trésorerie. De quoi asphyxier davantage les entreprises, les PME en particulier.
Alors, un conseil. Restaurateurs, ne faites pas comme le Gouvernement qui espère une augmentation hypothétique des recettes sans agir sur les dépenses. Serrez les vis, faites le dos rond, différez vos projets si vous ne voulez pas vous réveiller dans 6 mois avec une gueule de bois. Car, inévitablement, votre chiffre d’affaires va baisser. Agissez sur vos charges courantes, consolidez vos positions, jouez la carte de la proximité et de la fidélisation avec vos clients, garantissez un bon rapport qualité/prix et une offre adaptée à votre clientèle.
Et implorez les dieux de l’Acropole pour que notre Gouvernement ne décide pas, en plus, de relever notre taux de TVA…
Francis Luzin
Directeur de la publication