
Des villes et des régions entières bénéficient largement des retombées de l’aura d’un chef médiatisé. La Bresse avec Georges Blanc, Annecy avec Marc Veyrat, Laguiole avec Michel et Sébastien Bras, Lyon bien sûr avec Paul Bocuse, l’Alsace avec les Jung et les Haeberlin, Montpellier avec les frères Pourcel. Certaines, comme La Bresse ou Lyon, sont très reconnaissantes et apprécient à leur juste valeur la contribution de ces chefs, d’autres sont indifférentes par méconnaissance de la communication. Enfin, certaines sont franchement hostiles, autant au niveau de la mairie et de l’administration que de la population. Ce phénomène étonnant que l’on a connu avec Pierre Gagnaire à Saint-Etienne semble se renouveler avec Jacques Décoret à Vichy. Six années pour emménager dans un nouveau site, certes propriété de l’Etat, et pour finir par un empêchement d’ouverture et une pétition hostile de la part d’habitants ne fréquentant pas l’hôtellerie ou la restauration. Ces renfermements malthusiens des petites villes sur le déclin semblent pitoyables d’autant plus que des chefs de talent sensibles à leur régionalisme s’y trouvent piégés. La France est le seul pays dont l’hôtellerie et surtout la restauration gastronomique sont largement réparties sur l’ensemble du territoire, ce qui représente un atout majeur pour son tourisme et donc pour sa balance des paiements. Il est donc primordial que les chefs créatifs et originaux ne se dirigent pas tous à Paris pour y trouver clientèle et reconnaissance. Mais, par ailleurs, avant d’investir dans une petite ville, les chefs doivent évaluer sérieusement leur taux d’acceptation par les structures et populations locales comme le font en général les grandes entreprises.