
La soirée du Chef de l’Année, au-delà du nombre de chefs qu’elle peut réunir, a une valeur symbolique forte. Elle rassemble les chefs de toutes les régions, de tous les horizons, de toutes les formations, de tous les âges et de tous les niveaux de notoriété. Pas de chapelle, pas d’exclusive, pas d’anathème, pas d’exclusion. Pas de guerres de générations, mais amitiés professionnelles et respect mutuel, acceptation de la différence des autres.
Il ne faut pas voir là l’image d’un angélisme mou et geignard, mais l’expression de la volonté des hommes d’un même métier de se rassembler, de mettre leurs valeurs en commun et de faire front contre les difficultés économiques et sociales.
Une profession comme celle de la cuisine qui n’est pas poussée par la vague de l’évolution technologique, a tout à perdre à se morceler et à ne pas présenter un front relativement uni.
Bien sûr, la confrontation entre les anciens et les modernes est inhérente à tous les arts. Mais elle doit rester dans les limites de la cohésion du groupe social. Il n’est pas bon pour se faire valoir individuellement d’inciter aux oppositions internes qui conduisent forcément à des conflits. Les médias sont trop en attente d’une guerre des chefs pour leur donner prétexte à des articles croustillants.
La force de la cuisine est de donner du bonheur par le bon et par le beau. Afficher des exclusions, créer des élites autoproclamées ne servira pas cette mission.