
Pour les restaurateurs épris de terroir et de tradition culinaire régionale, la lutte contre la mondialisation et le hamburger a des accents sympathiques. La grande messe de Millau a regroupé un nombre surprenant de participants et des commentaires très partiaux dans les médias. Mais trouver en José Bové un porte-drapeau de la gastronomie régionale semble bien illusoire.
Soutenir aussi bruyamment des individus qui empêchent le libre commerce par la violence n’est pas un gage de pays civilisé. José Bové est davantage un agitateur à l’idéologie trouble qu’un agriculteur épris de qualité. Après être passé du gauchisme à l’élevage des moutons, il n’a jamais brillé par l’excellence de ses productions.
En aucun cas, ses manifestations brouillonnes et tendancieuses ne peuvent être un exemple pour une profession éprise de qualité, de sens artistique et de fidélité aux valeurs professionnelles.
Quant au refus de la mondialisation, il est, sous certains aspects, un peu puéril. Le tourisme français et sa gastronomie vivent en bonne partie grâce à une clientèle internationale dont les Anglo-Saxons forment le contingent le plus important avant les Japonais, les Suisses et les Belges. Les plus beaux établissements ne pourraient vivre sans cette clientèle prête à dépenser beaucoup plus que la clientèle régionale ou nationale. Notre balance commerciale très positive en agriculture et en tourisme est florissante grâce à cette mondialisation si décriée par certains nostalgiques de la guerre froide. Malgré les grands bouleversements de notre monde, en explosion régulière de richesse, la France a gardé sa primauté en matière de gastronomie et de tourisme de qualité.
C’est davantage en modernisant notre secteur de la restauration, et en le rendant plus accessible aux clients du monde entier, que nous lui garderons sa superbe. Qu’avons-nous à gagner en militant brutalement pour la rillette et les merguez dans des kermesses où il faut beaucoup d’imagination pour y déceler l’empreinte du bien manger.