
La cuisine française serait soit disant dépassée. La rumeur se nourrit à la table de certains chefs français mais également depuis l’étranger. Evidemment, les médias, en quête de polémique, la font enfler. Récemment, le magazine britannique « Restaurant » classait le premier restaurant français en 16ème place de son Fifty Best. Et certains comme Gilles Goujon réagissent en dénonçant ces stratagèmes visant à saborder notre patrimoine culinaire. D’autres, comme le Belge Laurent Vanparys préconise la prise de recul face à de tels classements qui auparavant « comptait de nombreux restaurants français et aujourd’hui (…) reflète la vague nordique. (…) C’est positif pour ceux qui s’y trouvent mais ne change rien pour ceux qui n’y figurent pas ». Hélas, les chefs français sont trop peu nombreux à réagir. Pourtant, il faut agir contre cette intox médiatique. Les chefs français doivent se montrer fiers de ce qu’ils font. Et en affichant leur fierté, ils reprendraient la place qu’ils méritent. Car, n’en déplaise à ses détracteurs, la France demeure bel et bien le berceau de la gastronomie et ne connaît aucun déclin.
Certes, il n’y a pas que dans l’Hexagone que la cuisine se porte bien. Néanmoins, la nôtre conserve encore aujourd’hui une place spéciale. Il n’y a qu’à voir les effectifs de grandes écoles telles que l’Institut Paul-Bocuse à Ecully. L’établissement, d’où 60% des étudiants diplômés se consacrent à la cuisine, accueille chaque année 460 élèves issus de 37 nationalités différentes. Voilà bien la preuve que le savoir-faire culinaire français a un poids en France mais aussi à l’étranger puisqu’il continue d’attirer les jeunes générations, venues des quatre coins du monde, et les chefs étrangers présentés par les médias comme les nouvelles stars des fourneaux. Car, ne sont-ce pas les mêmes qui ont été formés ici en France, avec des chefs français, et reviennent plus tard parfaire leurs connaissances pour se familiariser avec de nouvelles techniques ?Quant à l’exportation de notre cuisine à l’étranger, elle est notoire. En témoignent l’ouverture d’un restaurant français baptisé The Bocuse Restaurant, par le Culinary Institute of America (2 800 élèves) à New York ou encore la tenue du salon « Taste of France » (Goût de France) les 28 et 29 septembre prochains au cœur de Manhattan. Enfin, comme l’indiquait Gilles Goujon : « on n’a jamais aussi bien mangé en France qu’actuellement. Partout de jeunes chefs s’installent, créent, avec ce courage exemplaire, faisant même revivre de petits villages ». Les propos calomnieux tenus par la presse ne peuvent émaner que d’une méconnaissance profonde de notre gastronomie. Ne restons pas silencieux face aux détracteurs de la cuisine française. Plonger dans le mutisme revient à leur servir la soupe. Dites haut et fort que vous êtes fiers de vos réalisations et de ce que vous êtes. Pour mettre un terme définitif à cette comédie et éviter que quiconque n’ait envie de remettre le couvert !
Francis Luzin