
Chaque fois que tu me voyais, tu me regardais avec ton petit air matois et me disais : « Alors le chef, comment ça va ? » Je me demandais toujours si c’était du lard ou du cochon.
Le ciel pleurait le jour de ton enterrement.
Tu nous as quittés, laissant un grand vide dans la profession, la position que tu occupais parmi les chefs était une position que personne ne pourra prendre désormais.
Tu n’avais pas d’ennemis, tu étais admiré de tous les professionnels, tu étais positif, en permanence et savais motiver les jeunes et les moins jeunes.
L’homme était fidèle dans ses amitiés, tout le monde racontera son histoire, mais on ne mettra probablement pas suffisamment en avant que c’était avant tout un homme de cœur, un grand travailleur et un homme resté simple.
Une page se tourne, une époque prend fin. J’ai aimé cet homme, j’ai aimé ce grand chef. La dernière fois que je l’ai vu, l’année dernière, il me vantait encore la qualité de la cuisine de son établissement, avec toujours son même humour et le souci du bien faire. Il était, bien sûr diminué, j’en ai pleuré, saisi par l’émotion, en sachant que c’était probablement la dernière fois que je lui parlais.
Rendez-vous au paradis des chefs, s’il y a un paradis.
En mémoire de Paul, j’ai retrouvé l’article que nous avions publié à la fin du siècle dernier, celui-ci représente tout à fait sa pensée, c’est pour cette raison que nous le republions aujourd’hui.
Le guide Michelin, cette institution, a rendu un vibrant hommage pour les 53 ans de trois-étoiles, à l’occasion de la sortie du Michelin 2018.
Celui-ci reste, malgré de nombreuses critiques (toujours les mêmes et venant des mêmes) l’institution qui valorise les chefs et la restauration gastronomique au niveau mondial.
Dans l’esprit des chefs, il reste le seul pour lequel ceux-ci consacrent leur vie de travail. Il suffisait de regarder la joie de Christophe Bacquié porté par ses camarades pour prendre conscience de cette évidence.
Dans l’esprit des chefs.
Francis Luzin