
L’heure est à l’autocritique en restauration gastronomique. Plusieurs magazines grand public ont réalisé des dossiers sur la chute de la gastronomie française, y compris le Time (édition européenne).
Même si nous avons évoqué ce thème à plusieurs reprises, il est bon de rectifier quelques inepties en vogue.
Déclarer que la gastronomie française n’a pas évolué depuis la révolution de la nouvelle cuisine, il y a plus de vingt-cinq ans, dénote une méconnaissance étonnante. La gastronomie a connu une période exotique, puis une période néo-terroir et une période herbes et plantes qui ont modifié totalement la cuisine. Michel Bras, Marc Veyrat, Régis Marcon, Alain Dutournier, Guy Savoy, Michel Trama, Pierre Gagnaire n’ont cessé de créer dans ces différents axes, sans compter Olivier Roellinger, Alain Passard dans la voie des épices et tant d’autres.
D’ailleurs, tous ces chefs ne souffrent pas d’une désaffection de leurs établissements.
Les jeunes générations ne sont pas restées inactives non plus et ont répondu à la crise des années 1990 en inventant avec leurs anciens la gastronomie de bistrot. Tendance qui est encore inconnue ou presque hors de France.
Alors, que reproche-t-on à la gastronomie française ? de ne pas avoir plongé massivement dans la cuisine fusion ? Elle s’y est mise
La seule critique fondée que l’on peut adresser à la gastronomie française est de ne pas avoir évolué en décor et ambiance de service. Mais du fait des choix sociaux et politiques (coût de la main-d’oeuvre et taxes), la rentabilité de la restauration française est insuffisante pour attirer systématiquement des investisseurs comme dans les pays anglo-saxons. D’où le manque de capitaux pour créer décors et ambiance. Lorsque les investisseurs sont présents, on assiste à une synthèse harmonieuse de la gastronomie et du modernisme des établissements.
Enfin, lorsque l’on se compare aux différentes capitales de l’orbite anglo-saxonne, il ne faut pas oublier que la France n’a cessé de s’appauvrir relativement depuis quinze ans et que le revenu disponible d’un Parisien par rapport à un New-yorkais ou à un Londonien a nettement chuté.
Tout est politique, même la gastronomie.