
550 millions… C’est le budget rogné par l’Etat dans le cadre de la modernisation de l’action publique et des aides à l’apprentissage. L’amendement gouvernemental a été déposé auprès de l’Assemblée pour le budget 2014. L’indemnité compensatrice forfaitaire (ICF), comprenez la prime variable d’environ 1 800 euros (si l’apprenti n’est pas titulaire d‘un Bac) et 1 000 euros par an, versée par les régions aux entreprises accueillant des apprentis, sera donc supprimée au 1er janvier 2014 mais maintenue pour les embauches effectuées d’ici la fin 2013. A noter que tous les contrats en cours signés avant le 1er janvier 2014 génèreront ladite prime de 1 800 euros puis les 1 000 euros annuels seulement pour l’année 2014. Ensuite, le robinet de la formation se tarira inéluctablement et laissera sur le bord de la route l’apprenti avec, sous le bras, sa seconde et/ou troisième année d’apprentissage restante ainsi que le restaurateur à qui on aura retiré ses aides à la formation.
Est-ce là une manière pour l’Etat de dégager la voie pour installer plus confortablement le contrat d’avenir et d’atteindre les objectifs consistant à créer 150 000 emplois d’avenir à l’horizon 2014 (Le Figaro) tels que le souhaitent les pouvoirs publics ? Quand on sait que le permis de former coûte environ 250 euros par formateur auxquels doivent s’ajouter des frais de déjeuner, de déplacement et des jours d’absence pris en charge par le restaurateur, on est en droit de se demander si tout n’est pas fait pour décourager les professionnels quant à la formation de ces nouvelles recrues.
Enfin, le contrat d’avenir n’étant pas une formation diplomante et ne requérant qu’un CAP, cela n’encouragera pas les étudiants à poursuivre leurs études au-delà du minimum requis. Quid alors du niveau de ces étudiants qui sera forcément nivelé par le bas ?
Faut-il voir encore dans cette nouvelle mesure le sacrifice d’une profession déjà en souffrance sur l’autel de l’idéologie gouvernementale ?
Récemment, un restaurateur recevait un apprenti belge dans son établissement, en alternance durant 17 semaines, sans qu’aucun coût n’impacte son activité. Si nos voisins européens sont en mesure de dispenser à leurs élèves ce dispositif de formation tout en soulageant les professionnels accueillants, il n’est pas impossible qu’ils se servent dans un vivier frontalier. Ou découragés par les prérogatives du gouvernement, décident tout bonnement de mettre fin à leurs velléités de formateurs, à contre-coeur…
Est-ce à dire que nos apprentis français resteront à quai ? Et que nos restaurateurs, faute de personnel, reverront à la baisse leurs prestations engendrant la déception du convive qui finira par déserter les établissements de restauration ?