
Comment expliquer la réussite de la soirée Le Chef de l’Année avec tous ces chefs et restaurateurs qui viennent de toute la France, même ceux qui ne sortent pas et qui ne fréquentent pas les cocktails ou les événements médiatiques ? Comment expliquer cette atmosphère conviviale, ce sentiment d’être en petit comité alors que 650 invités se côtoient ? En dehors des éléments d’organisation, des lieux choisis, de la cohérence des sponsors, l’explication la plus marquante à ce phénomène de «fusion» réside dans la nature de la population concernée. Le monde de la gastronomie française a une double caractéristique : il est élitiste et il se sent en péril. Elitiste au sens où il promeut et pratique effectivement des valeurs d’excellence dans le travail, et cela autant dans les établissements de luxe que dans les petits restaurants gastronomiques. En péril car, comme
Tout cela concourt à renforcer les liens entre les acteurs de cette profession qui, à la différence de nombreux autres acteurs économiques, constituent une population cohérente, en fusion et attachée à une idéologie forte.
C’est pour cette raison que, malgré les difficultés inhérentes à cette profession de main-d’oeuvre, la haute gastronomie continue à fasciner le public et les médias, et qu’elle représente un véritable mythe. Sa pérennité, elle la doit à une position d’exception qu’elle s’est elle-même construite, et la soirée du Chef de l’Année en est une de ses célébrations majeures.
Si la gastronomie communie dans le même enthousiasme, c’est qu’elle croit encore à quelque chose et qu’elle a une âme dans un monde qui a souvent perdu ses repères.