
Les colloques sur la créativité culinaire se succèdent à un rythme serré. La presse n’a d’yeux que pour les chefs étrangers supposés créatifs et les jeunes chefs français.N’assiste-t-on pas à un effet de mode qui vire à la lubie et qui, de façon artificielle, survalorise une partie de la profession au détriment de l’autre? La cuisine française, inégalable dans sa maîtrise technique du métier, ne va-t-elle pas s’égarer sur des chemins accidentels où elle est moins sûre de sa prédominance ?
Il ne faut pas oublier que cette même cuisine française a bénéficié d’un extraordinaire regain de popularité internationale avec le mouvement très créatif de la Nouvelle Cuisine. Elle n’a pu autant être fêtée hors du pays lorsqu’elle s’est fixée sur le créneau du néo-terroir, créneau plus complexe à saisir pour un étranger peu au fait de lointaines traditions régionales. Elle a loupé le train de la cuisine fusion en en perdant la paternité alors qu’elle en était à l’origine (J.-G. Vanguerichten, R. Durand et quelques autres).
La créativité, la novation, le modernisme sont des atouts indispensables dans un monde qui privilégie le changement et la nouveauté à la pérennité et à la tradition.
Sans perdre notre savoir-faire classique, il est vital pour le retentissement de notre cuisine dans le monde qu’elle démontre sa capacité de renouvellement et d’accaparement du futur.