
Pour ses100 ans, le guide Michelin offre une belle surprise aux professionnels qu’il juge. Pour diriger le guide rouge français, il n’a rien trouvé de mieux qu’un Anglo-Saxon. Quelles têtes feraient les Japonais si leur guide de l’électronique était dirigé par un Français, ou si pour diriger un grand guide de cuisine chinoise, on aurait nommé un natif de Castelnaudary. Le Michelin essaie de se donner des allures internationales, soit, mais en prenant une telle décision, il montre nettement qu’il ne vise plus la clientèle française mais la clientèle anglo-saxonne et asiatique. Encore que les Japonais, véritables gastronomes, risquent d’être plus surpris que les Français d’une telle décision, qui frise le farfelu ou la provocation. Nous nous félicitons de ne pas nous être associés aux 100 ans du guide rouge.
Ce n’est pas parce que l’on a 100 ans que l’on est respectable et un grand homme politique français notait «la vieillesse, quelle dérive».
Il est triste que ce qui était devenu une institution, d’incohérence en incohérence, se dégrade réguliè-rement. Cette décision, à terme, portera davantage de préjudice à l’image de la gastronomie française dans le monde que n’importe quel loupé de chef français. Elle fera penser au monde anglo-saxon que nous n’avons plus confiance en nous et que nous nous en remettons aux autres pour juger notre suprématie artistique. Nous avons laissé à Parker le soin de juger nos vins, nous nous en remettrons à Derek Brown pour nous dire où nous devons manger en France.