
En dehors du côté irritant qu’a eu la grève des intermittents du spectacle avec son cortège d’annulations d’événements et de violence du fait des occupations musclées des sites, ce mouvement a de quoi faire réfléchir sur les choix économiques et sociaux de notre pays.
La culture a été nationalisée progressivement durant les quarante dernières années. Du coup, les spectacles et le cinéma se sont habitués à ne plus raisonner en fonction de la demande des consommateurs mais en fonction de critères inhérents à une minorité intellectuelle autoproclamée. Et pour payer le déficit chronique qu’engendre un tel décalage entre production et consommation, c’est toute la collectivité nationale qui est sollicitée, c’est-à-dire ponctionnée.
L’Opéra de Paris étant l’exemple le plus connu : pour chaque spectateur, la collectivité finance 100 € la place, alors qu’elle ne consomme pas ce type de spectacle. Mais les financements par la collectivité de choix esthétiques et intellectuels très minoritaires ont pris des formes plus insidieuses. Le système d’avances sur recettes du cinéma a permis de fourvoyer une grande partie du cinéma
Le système d’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle est aussi un modèle du genre. Au prix de l’heure effectivement travaillée il permet, sur le dos de la collectivité nationale, de distribuer des rémunérations pharamineuses à des techniciens et acteurs connus pour leur peu d’empressement à travailler, rémunérations à l’heure bien supérieures à celles des ingénieurs, des médecins et de nombreux patrons de PME.
Pour mesurer le côté vicié de ce système, il n’y a qu’à imaginer ce qu’entraînerait un tel système dans la restauration gastronomique. La comparaison n’est pas si aberrante, la haute gastronomie faisant partie intégrante de la culture française autant dans son sens sociologique que dans son sens artistique.
Mais on peut se demander si, justement parce qu’elle n’a pas été collectivisée, la gastronomie française a gardé ce sens de la demande du client qui lui permet d’être appréciée autant par les consommateurs français qu’internationaux, et de dégager suffisamment de ressources pour financer la collectivité par le biais de nombreux impôts et taxes qui pèsent sur elle.