Vous m’avez apporté 30 ans de bonheur dans ma vie professionnelle et personnelle.
Grâce à vous, j’ai eu de nombreux instants de bonheur en dégustant vos plats et surtout en dialoguant avec vous. Mon plus grand plaisir est d’assister à votre travail en cuisine et ensuite d’avoir une conversation libre et informelle.
Grâce à vous, le magazine Le Chef est devenu un élément fédérateur de votre profession.
En 30 ans, j’ai vu des chefs au sommet de leur art, des chefs de toutes générations, j’ai partagé les joies de l’obtention d’une étoile puis d’une deuxième puis d’une troisième, j’ai partagé les larmes de la perte d’une étoile. J’ai vu des chefs réussir et aussi des chefs subissant des échecs.
Le dialogue avec vous m’a permis d’acquérir une expérience considérable et une expertise sans égale.
Quelques moments ont marqué ma vie professionnelle.
Quand j’ai créé Le Chef, l’un de mes plus fidèles annonceurs m’a dit « ça ne marchera jamais, les chefs ne lisent pas », c’était plus qu’un encouragement pour continuer.
Au bout de 10 ans, j’ai été reconnu par la génération des 60 ans de l’époque qui, aujourd’hui, en a 80.
Un jour, Pierre Troisgros me déclare "j’ai cotisé à ton bulletin". Je me suis dit que j’avais enfin gagné l’estime de la vieille garde.
Quand il a été élu chef de l’année, Thierry Marx m’a confié "je me souviens à mes débuts quand j’étais au bas de la tour Eiffel pour aller à la cérémonie, je rêvais d’arriver un jour sur le podium et maintenant je suis là ».
J’ai suivi la carrière de chacun d’entre vous.
J’ai vu des jeunes de moins de 30 ans ayant gagné notre trophée Espoir comme Olivier Nasti ou Alexandre Couillon obtenir deux étoiles à 50 et 40 ans.
J’ai croisé plein de jeunes cuisiniers dans les brigades qui ont évolué et sont devenus de brillants professionnels.
Merci d’être là tous ensemble pour fêter le 30e anniversaire marquant le passé de ma carrière professionnelle.
Il y a 30 ans vous n’étiez pas nés, vous les candidats au trophée Espoir, vous êtes l’avenir de notre profession.
Il y a 30 ans vous aviez 10 ans, aujourd’hui vous en avez 40, Jean faisait déjà du vélo, Serge, Christophe, Alexandre, Philippe, Maxime, Nicolas, David, William, Jean-François, Akrame, Cyril, Arnaud et tous les autres, vous êtes à l’optimum de votre carrière et au sommet de votre art.
Il y a 30 ans vous aviez 20 ans, aujourd’hui vous en avez 50, Frédéric, Yves, Emmanuel, Gilles, Olivier, Gérald, Michel, Anne-Sophie, Eric, Yannick, Thierry et tous ceux qui sont présents que je ne peux citer, vous portez les valeurs de la profession.
Il y a 30 ans vous en aviez 30, aujourd’hui vous en avez 60, Alain, Michel, Marc, Guy, Régis, Patrick, Olivier, vous avez encore de belles années à vivre de votre passion et continuer à transmettre aux générations plus jeunes.
Il y a 30 ans vous aviez 40 ans, aujourd’hui vous en avez 70, ou pas loin, comme moi, Joël, Pierre, Christian, Georges, René, Michel, Marc, vous avez transmis vos valeurs aux plus jeunes et vous continuez à vivre votre passion.
Il y a 30 ans vous aviez 50 ans, aujourd’hui vous en avez 80, Pierre, Michel, vous nous montrez que l’on peut continuer longtemps à exercer votre profession.
Il y a 30 ans Monsieur Paul avait 60 ans.
Je n’ai qu’un seul regret c’est que ces 30 ans soit déjà passés.
Pour le présent, votre présence montre votre attachement au magazine.
Maintenant parlons de l’avenir, la concurrence est dure, nationale et internationale, le métier tous les jours présente ses difficultés, mais il vous reste d’excellentes années pour vivre votre passion.
Mon plus grand échec a été de penser que les instances syndicales de la profession pouvaient aider les chefs, les professionnels que vous êtes.
J’ai milité une quinzaine d’années pour un résultat équivalent à zéro.
J’ai compris que seuls les professionnels, c’est à dire vous, les chefs en activité, pouvez défendre vos valeurs communes.
Bien sûr, pour être chef, il faut du caractère, de la passion et vous n’en manquez pas.
Mais pour faire avancer la profession il faut vous rassembler, vous fédérer, afin de peser sur un environnement hostile.
Peser sur vos syndicats professionnels.
Peser sur les politiques.
Peser sur l’administration.
Pour valoriser, promotionner votre métier et la gastronomie française.
Pour obtenir que les politiques engagent des campagnes de promotion à l’international, il faut vous rassembler.
C’est pour cela que je soutiens totalement le Collège culinaire et les Restaurants de qualité.
Pour votre avenir, travaillez ensemble, le magazine Le Chef continuera à vous soutenir.
Vous devez porter la vision de votre profession.
Au-delà de la personnalité de chacun, l’unité, plus que jamais pour préserver vos différences, est nécessaire.
Il n’y a pas d’autres solutions pour l’avenir que d’être ensemble.
Extrait du discours de Francis Luzin à l’occasion du 30e anniversaire des Trophées du magazine Le Chef