
Le Congrès annuel du GNI se tient les 15 et 16 novembre à la Maison de l’Artisanat (Paris 8e).
« Le plus dur est passé et nous sommes là pour partir à la reconquête », a déclaré Didier Chenet en ouverture de l’événement. Après avoir rendu hommage à ses équipes et ses adhérents, mobilisés depuis le début de la crise sanitaire, le président de l’organisation professionnelle a salué les aides attribuées au secteur et les acteurs « qui en sont à l’origine et les ont mises en œuvre » : Bruno Le Maire (ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance) « pour les Prêts garantis par l’Etat et le fonds de solidarité » ; Alain Griset (ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des Petites et Moyennes Entreprises), qui a « pris en main la destinée de notre secteur dans toute sa composante » ; Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion de France), « pour la prise en charge de nos salariés au titre de l’activité partielle » ; ou encore Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie), « qui a relayé les demandes de toute la filière ». « Sans ces aides, nous ne serions certainement plus là : nos emplois auraient disparu, notre patrimoine aurait volé en éclats et nos familles avec », a résumé Didier Chenet avant de nuancer son propos : « Hélas, telle n’a pas été l’attitude de tout le monde. »
Il a notamment pointé du doigt les bailleurs « qui continuent de refuser toute réduction au titre des loyers dus pendants les périodes de fermeture », ou encore les assureurs « qui ont fait preuve d’une rare indécence en refusant de rejoindre l’élan de solidarité national qui s’est exprimé pour venir en aide aux entreprises ». Pour le président du GNI, ces derniers continuent aujourd’hui à « faire preuve d’insolence et d’une arrogance certaine en annonçant des profits records […] C’est proprement scandaleux et je continue de réclamer justice pour le contribuable et les professionnels ». En attendant, « j’ai demandé qu’une solution soit apportée : c’est chose faite avec la création de GNI Assurance », a-t-il par ailleurs rappelé.
Des défis nombreux
Puis, Alain Griset a à son tour pris la parole pour remercier la profession d’avoir travaillé de concert avec le Gouvernement. « Nous constatons une forte reprise de l’économie. Même à Paris, le niveau d’activité des hôtels reprend correctement. Dans les prochains jours, le plan de reconquête du tourisme sera annoncé. Nous espérons qu’il vous permettra de retrouver une activité conforme à vos attentes », a-t-il souligné.
« Tout n’est pas fini », a cependant ajouté le ministre délégué, faisant état des défis qui touchent actuellement le secteur, notamment la question du recrutement. « Nous devons aussi continuer à travailler sur d’autres sujets : les terrasses chauffées, la gestion et la valorisation des déchets et tout le volet environnemental. » Et de conclure : « Nous resterons à vos côtés le temps qu’il faut et il est utile de continuer à nous faire des propositions : nous essaierons d’y répondre. »
Alain Griset a ensuite présidé la conférence inaugurale intitulée « La reconquête… de notre indépendance économique et financière ! ». 2 tables rondes ont eu lieu autour des thèmes : « Comment faire face au mur de dettes et continuer à investir ? » et « Loyers, assurances : Comment se positionnent les tribunaux ? Y a-t-il encore des actions à mener ? ».
Pas de hausse de l’impôt
Puis, la première après-midi du Congrès s’est ouverte avec une intervention de Bruno Le Maire. « Merci du fond du cœur de venir à notre rencontre. Votre présence est à l’image de l’intérêt que vous portez à notre secteur. Nous avons toujours pu compter sur vous », a déclaré Didier Chenet avant d’inviter le ministre à prendre la parole. Après avoir salué l’engagement du président du GNI et de sa directrice de cabinet, Bruno Le Maire a fait état d’un « certain nombre de problèmes immédiats à régler ». Répondant aux inquiétudes autour des Prêts garantis par l’Etat, il ne s’est pas montré favorable à un nouveau report du remboursement. « Cela ne vous rendrait pas service », a-t-il affirmé, s’engageant toutefois à ce qu’aucun établissement ne rencontre « de difficultés de trésorerie à cause d’un remboursement de PGE » et promettant « des solutions au cas par cas […] pour que personne ne soit laissé de côté ». En outre, le ministre s’est engagé à « ne pas augmenter l’impôt des Français pour soutenir la consommation dans les établissements ».
Recrutement : pousser la réflexion
Concernant « le 3e sujet immédiat et le plus difficile qui est celui du recrutement », Bruno Le Maire a invité à « profiter de cette période pour s’interroger sur cette difficulté ». Et d’ajouter : « On ne s’en sortira pas en disant que les jeunes générations ne veulent plus travailler […] Je ne pense pas que ce discours moralisateur nous permette d’apporter des solutions ». « Je pense qu’il faut pousser la réflexion et je sais que vous le faites », a affirmé le ministre, citant notamment ceux qui se penchent sur la récupération du temps de travail, les week-ends travaillés, les coupures et les augmentations de rémunération. « Ces solutions là doivent être construites ensemble. La défiscalisation des pourboires, par exemple, est l’une des réponses. Mais cette question est tellement importante qu’elle mérite d’être traitée de bout en bout pour redonner des perspectives de carrière et d’évolution aux jeunes. »
Enfin, le ministre a invité les professionnels à s’engager dans le plan Tourisme qui « vise dans le fond à faire ce que je vois partout en France : une montée en gamme, une amélioration du service, une qualité toujours plus rigoureuse et plus exceptionnelle dans les restaurants, les bars et les hôtels français, qui nous permette de rester au niveau qu’on peut attendre d’un établissement français, c’est-à-dire le meilleur niveau […] Je compte véritablement sur vous ».
Bruno Le Maire a terminé son intervention avec un mot pour les traiteurs et organisateurs de réceptions, auxquels il a tenu à apporter tout son soutien, alors que les indicateurs de l’épidémie repartent à la hausse. « Nous allons travailler ensemble et suivre la situation attentivement, établissement par établissement. »
Soutenir la formation et l’apprentissage
Le Congrès s’est poursuivi le 16 novembre avec notamment 2 conférences plénières : la 1ère intitulée « La reconquête… de notre clientèle ! » et la seconde « La reconquête… de nos valeurs : l’avenir sera durable ou pas ! ».
Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, a également pris la parole en clôture du Congrès. « Vous avez su traverser avec résilience cette période inédite. En cette fin d’année et dans un contexte de reprise économique, il est désormais temps de se tourner vers l’avenir : nous devons soutenir le rebond de notre économie, renforcer l’attractivité de votre secteur et anticiper les mutations que la crise accélère », a-t-elle déclaré.
La ministre a ensuite rappelé les mesures déployées par l’Etat pour répondre à ces enjeux : l’activité partielle, qui a permis de soutenir 155 000 entreprises entre mars 2020 et août 2021, mais aussi l’investissement dans la formation. « En 2020, le secteur CHR est celui qui a formé le plus de salariés », a indiqué Elisabeth Borne, faisant état de 72 000 personnes formées pour un montant de 40 millions d’euros. L’enveloppe 2021 est, elle, de 75 millions d’euros.
En outre, la ministre a souligné l’importance de l’apprentissage, « une voie d’excellence qui offre de réelles perspectives professionnelles et permet de préparer l’avenir de vos entreprises et du secteur en favorisant l’entrepreneuriat ». Jusqu’au 30 juin 2022, les aides propres à ce dispositif conserveront d’ailleurs les mêmes niveaux qu’en 2020 : 5 000 euros pour un mineur, 8 000 euros pour un majeur. « Cette politique porte ses fruits puisque plus de 25 000 contrats ont été signés dans votre branche en 2020. Ce chiffre sera dépassé en 2021 car plus de 30 000 contrats sont en cours d’enregistrement. »
Par ailleurs, Elisabeth Borne est revenue sur le lancement, fin septembre, « d’un plan ambitieux de réduction des tensions de recrutement », représentant un « effort supplémentaire d’1,4 milliard d’euros pour accompagner la dynamique des embauches et faire en sorte qu’elle bénéficie à tous les Français ».
« Votre secteur se trouve à un moment charnière de son histoire […] Je suis convaincue que vous saurez, par un dialogue social nourri, trouver des solutions au plus près des réalités de vos entreprises. Nous serons à vos côtés pour concilier les enjeux de compétitivité et d’attractivité », a conclu la ministre.
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