
Alors que leur activité est à l’arrêt depuis mi-mars en raison de l’épidémie de Covid-19, des chefs s’inquiètent des conséquences que pourrait avoir une réouverture trop rapide des restaurants, aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique.
Dans une lettre ouverte adressée le 22 mai dernier, ils réclament notamment que les restaurateurs qui le souhaitent puisse exercer leur droit de retrait et plaident pour un abaissement de la TVA à 5,5% ainsi que pour une prolongation du chômage partiel jusqu’à fin 2020.
La soixantaine de chefs signataires, parmi lesquels Gérald Passedat, Olivier Nasti, Gilles Goujon, Marc Veyrat et Michel Sarran, s’inquiètent aussi de savoir ce qu’il adviendra en cas de contamination de l’un de leurs salariés.
Ci-dessous, la lettre complète :
« LETTRE OUVERTE DES CHEFS, CAFES, BARS, RESTAURANTS :
DEVONS NOUS COURIR LE RISQUE DE ROUVRIR NOS ETABLISSEMENTS MAINTENANT ?
Il ne faut pas se précipiter, rouvrir « trop tôt, trop vite » tant que le VIRUS circule c’est DANGEREUX. Nous devons avoir la certitude de garantir la pleine sécurité de nos employés et de nos clients. Cela implique aujourd’hui des protocoles très rigoureux avec des infrastructures adaptées et du personnel bien formé à ces nouvelles mesures. Comment exiger d’eux cette rigueur quotidienne tout au long de la saison ?
ADMETTRE QUE NOUS DEVONS ADAPTER NOS PRATIQUES C’EST RECONNAITRE QU’IL Y A UN RISQUE POTENTIEL IMPORTANT. La confiance de nos équipes, de nos clients va de pair, avec une sécurité maximale. Ne soyons pas les auteurs de nouvelles contaminations. Soyons prudents, vigilants et n’acceptons pas de prendre de telles RESPONSABILITÉS.
Ne nous trompons pas, nous ne pouvons donner une mauvaise image de la restauration et du tourisme Français au risque de le payer longtemps. Il est compréhensible que, poussé par le manque de chiffre d’affaire et le désespoir, certains confrères puissent se sentir capables d’ouvrir de suite, malgré ce danger. Nos établissements sont fragiles : Divisés de moitié de leurs clientèles, ajouté à la distanciation sociale, cela rend impossible l’établissement d’un prévisionnel post confinement. Les questions que beaucoup se posent sont :
RESTER FERMÉS ET FAIRE FAILLITE ? OUVRIR ET FAIRE FAILLITE ?
Quelle serait alors la procédure et les responsabilités si un des salariés touchés par le COVID implique une mise en quarantaine des salariés contacts ? Une fermeture inévitable serait-elle alors volontaire ou contrainte et supportée à nouveau par les aides ? C’est pour cela que nous écrivons cette lettre, dans le respect de la liberté de chacun. Nous voulons comprendre les responsabilités que nous prendrons en ouvrant peut être « trop top ». C’est pour nous protéger tous que nous demandons encore à être aidés.
Nous devons pouvoir appliquer un DROIT DE RETRAIT et reporter les ouvertures pour ceux qui le souhaitent. Il faut attendre une totale MAITRISE DE LA CRISE COVID19 et prendre des mesures sanitaires et économiques INEDITES.
EN ATTENDANT IL FAUT TENIR !
Notre profession REMERCIE le GOUVERNEMENT pour les aides qu’il nous a déjà octroyées ; malheureusement nous sommes un secteur d’activité à risques élevés. Il convient donc de CONTINUER en faisant appel à la solidarité des compagnies d’assurances, des bailleurs, des banques, de concert avec les professionnels du tourisme et l’Etat.
Les ASSURANCES DOIVENT :
– Impérativement prendre en charge la PERTE D’EXPLOITATION pour tous à hauteur de 15 à 25 %,
– Créer un FONDS DE GARANTIE catastrophe sanitaire à l’instar de la garantie « CAT NAT » instaurée en 1982 et du fond BARNIER.
LES BANQUES :
– Prolonger les PGE sur 10 ans et sur la base de quatre mois de chiffre d’affaires.
– Assouplir les conditions d’accès au PGE et PGES (voire les Etatiser)
ACCORDER UNE BAISSE DE LA TVA A 5,5 %.
Comme cela vient d’être réalisé en Bavière, afin de pouvoir faire face aux remboursements d’emprunts existants et aux nouveaux PGE. Mais aussi, faire face à la baisse de chiffre d’affaires que tout le monde s’accorde à dire qu’elle sera d’au moins 50 %.
Prolonger le droit de recours au chômage partiel jusqu’à la fin de l’année 2020.
L’ensemble de la profession doit être aidé de façon équitable pour que chacun puisse revenir à la situation à laquelle il se trouvait en Mars 2020 quel que soit son modèle économique.
La PRIME MACRON doit être reconduite jusqu’à FIN 2020 pour quelle puisse aussi profiter à nos équipes.
La profession s’engagera fortement à travailler durablement avec nos artisans, pêcheurs, éleveurs, producteurs et groupes de distribution, FRANÇAIS et européens.
Ces aides cumulées nous permettront de garantir le maintien des salaires de nos équipes, de compléter les 84% perçus actuellement et de conserver le pouvoir d’achat de plus d’un million de salariés. »
GILLES GOUJON
LOUIS PRIVAT