
Après le choc de l’annonce, comment organisez-vous votre quotidien ?
E.F. : Cela a été assez violent car la fermeture a été demande dans un délai de 4heures !!! Il a fallu tout organiser en très peu de temps, avec des services en cours et surtout en plein weekend. Les frigos étaient pleins, et on ne voulait surtout pas jeter. Nous avons donc travaillé à tout reconditionner pour ne pas mettre nos denrées à la poubelle. Nous avons fait des conserves, de la congélation, et avons beaucoup donné au personnel. C’était vraiment important pour nous de sauver le périssable.
Je peux dire qu’une fois es choses réglées, il m a fallu un long moment pour accuser le coup et me rendre compte de la réalité de ce cataclysme. Après un vrai coup de mou, je me sens aujourd’hui plus à même de reprendre le chemin de la réflexion. Il faut tenter d’aller de l’avant et penser à la reprise et à l’avenir de nos restaurants.
Qu’avez-vous mis en place pour vos maisons (chômage/prêt/report) ?
Nous avons beaucoup de chance au Bristol car pour tous les collaborateurs qui sont au chômage partiel, les propriétaires ont décidé de payer le complément jusqu’ à fin mai afin de ne pas voir nos salaires amputés.
Pour le Lazare nous avons mis également l’ensemble de nos collaborateurs au chômage partiel.
Enfin concernant la partie consulting, c’est à l’arrêt donc il n y a pas de revenus.
Tribune Libre
J’ai toujours entendu que la restauration était une grande famille. On sait tous comment fonctionne une famille. Beaucoup d’amour tinté d’engueulades, de dissensions, de non-dits… mais, quand ça va mal, la famille est toujours là. Soudée, pour faire bloc et s’aider les uns les autres.
Depuis quelques semaines, nous traversons ce qui est sans doute la pire crise jamais connue jusqu’à présent.
Et je constate avec beaucoup de déception que cette famille est incapable de se rassembler. D’unir ses forces pour affronter le problème ensemble. De trouver des solutions ensemble. De parler d’une seule voix pour se faire entendre. Pour faire valoir nos droits et nous aider à traverser cette crise dans les meilleures conditions.
Depuis 30 ans, je cotise à toutes les associations qui existent dans la profession, je n’ai jamais été un membre actif mais j’ai toujours soutenu ces associations amicalement en trouvant remarquable l’engagement de certains chefs et restaurateurs. Mais là, à mon sens, il n’y a plus personne. Je n’ai entendu aucune association de la profession, je n’ai vu quasiment aucune initiative d’association pour fédérer, nous apporter des informations, faire entendre notre voix. Nous n’avons pas même une plateforme pour se renseigner puis éventuellement agir.
Chaque chef, chaque restaurateur fait avec son écosystème, seul dans son coin c’est tellement dommage. Il nous manque l’unité c’est évident.
Je ne vois ici et là des initiatives individuelles qui ont forcément moins de puissance que si elles fédéraient autour d’elles une profession entière. Les syndicats sont plus actifs alors qu’on les critique toujours…
Nous avons intérêt à nous rassembler et à porter des messages forts, et j’espère que toutes les associations professionnelles que j’ai toujours soutenues sauront être là, alors que nous avons plus que jamais besoin d’elles.