
Comme beaucoup d’entre nous, les chefs sont dans l’impossibilité de travailler actuellement.
Nous avons voulu échanger avec eux sur leur quotidien et leur appréhension face à cette situation totalement inédite.
. COMMENT VIVEZ-VOUS CETTE SINGULIÈRE ATMOSPHÈRE ?
Olivier Nasti : Il suffit de regarder par la fenêtre pour savoir ce qui me frappe le plus en ce moment : les cerisiers et les pommiers sont en fleurs, la nature printanière se réveille et nous, à contrario, nous sommes confinés, « endormis » .
. QUE FAITES-VOUS PENDANT CE CONFINEMENT ? CELA VA T-IL VOUS DONNER DES IDÉES DE RECETTES ? QU’ALLEZ-VOUS CUISINER POUR VOTRE FAMILLE ?
Je suis, comme beaucoup, confiné en famille en ce moment. J’ai la chance d’être dans une grande maison et je passe le plus clair de mon temps à cuisiner et à refaire des recettes que je n’avais pas faites depuis très longtemps, comme des grands classiques : sole meunière, soufflé au fromage, gratin dauphinois, tarte fine aux pommes, crème caramel, carpaccio de St Jacques, tarte à l’oignon…
. DE DISPOSER DE TEMPS LIBRE CELA VOUS CHANGE , VOUS NE TOURNEZ PAS EN ROND ?
Oui. Complètement. C’est incroyable car je me rends compte que, depuis environ 20 ans que je suis dans cette maison, c’est bien la première fois que j’y passe plus de 2 semaines de suite. Et aussi que j’y cuisine midi et soir…
A vrai dire, j’essaye de m’occuper au quotidien mais je me sens perdu, car je n’ai pas l’habitude d’avoir si peu de choses à gérer. Chaque matin ou presque, je me trouve une excuse pour descendre au Chambard (un mail ou un courrier à récupérer). J’ai un réel besoin de « sentir » mon entreprise, même si elle est fermée.
Ensuite oui, la nature est très présente autour de ma Maison donc je vais régulièrement vérifier mes abeilles aux ruches, j’ai même arraché les mauvaises herbes dans mon jardin !
Mais j’avoue que pour un hyperactif comme moi, cela n’est vraiment pas facile.
. CONTACTEZ-VOUS VOTRE TEAM POUR PARLER DE L’AVENIR ?
Oui, absolument. J’essaye d’appeler chaque jour au moins l’un d’entre eux pour avoir des nouvelles. Pas pour parler de l’avenir, non, car en effet, 3 semaines en arrière, jamais nous n’aurions imaginé en être là aujourd’hui. Donc là, au moment où je vous parle, nous (ni personne d’ailleurs) n’avons aucune idée de ce qui va se passer. Dans tous les cas, et ça j’en suis intimement convaincu, à la réouverture il faudra avoir une attitude positive et réconfortante, que ce soit envers nos équipes comme avec nos clients. Ils en auront un réel besoin. Il faudra surtout s’éloigner de la sensation de crainte, de peur. Et ce sera à moi de mettre cela en place, en tant que chef d’entreprise.
. QU’EST CE QUI VOUS MANQUE LE PLUS EN CE MOMENT ?
Sûrement la liberté, quelque-chose qui m’est très cher dans mon quotidien, habituellement très chargé.
La liberté de l’esprit aussi. A vrai dire tout est confiné en ce moment, notre esprit aussi. C’est comme ça que je le ressens. Etre « emprisonné » est difficile pour tout le monde, mais pour quelqu’un comme moi, très actif et très proche de la nature, qui a toujours besoin de respirer et prendre de la hauteur en montagne par exemple, c’est une sensation vraiment étrange.