
Suite à une intervention de la police le 14 novembre dernier empêchant l’accès au Carré des Feuillants – provoquant ainsi une perte sèche du chiffre d’affaire ce soir là – Alain Dutournier a souhaité s’exprimer à travers une lettre ouverte, s’inquiétant ouvertement de la suite des évènements pour les entreprises artisanales : "Mesdames, Messieurs, Compte tenu des trois dernières années perturbées par le terrorisme dans la capitale et suite à la soirée du mardi 14 novembre dans le secteur Vendôme – St Honoré, je souhaiterai avoir une réflexion afin d’optimiser nos activités commerciales.
Depuis 44 années, j’exploite personnellement des restaurants de qualité dans la capitale en respectant les différentes législations nous concernant et participant à la vie touristique de notre ville lumière. Madame Anne Hidalgo, notre maire nous a honorés de la médaille Grand Vermeil de la ville de Paris. Hier en fin d’après-midi, sans la moindre explication, nous nous sommes retrouvés isolés derrière des barrages de police (Mont Thabor, St Honoré, Vendôme) jusqu’en milieu de soirée.
Nos employés (35 personnes) et nos clients (une cinquantaine de convives) avec réservations et commandes spéciales de mets et vins particuliers, n’ont pas pu accéder au Carré des Feuillants. Malgré nos contacts téléphoniques suggérant de patienter pour un horaire plus tardif, nous avons reçu en réponse : « la fuite de ce quartier»… Résultat de la situation : perte sèche du chiffre d’affaire d’une soirée pour une petite entreprise artisanale qui se bat au quotidien pour maintenir emplois de qualité et savoir-faire.
Depuis 1986, création du restaurant Carré des Feuillants, en fond de cour 14 rue de Castiglione, notre exploitation n’a jamais eu le droit à une indication commerciale dépassant la façade intérieure et extérieure sous les arcades Castiglione. Depuis des années, seules les organisations de mendicité prennent le droit de squatter jour et nuit sous les arcades…Nous n’avons pas les moyens pour disposer des vigiles devant notre établissement et n’avons pas prévu de faire subir à nos clients détection ou palpation…
Dans une autre activité parisienne rue Mazarine à St Germain des Prés où fleurissent les enseignes les plus farfelues et disproportionnées de la Rive Gauche, nous avons rénové et ré-ouvert en 2012 une restauration dont le support de l’enseigne datait de 1928. La préfecture de police de la ville de Paris s’est empressée de nous faire des misères : malgré une activité commerciale sur deux niveaux, nous avons dû démonter l’enseigne et la réduire aux 40 cm de dépassement de la façade dans la hauteur du rez de chaussée…
En milieu de soirée ce 14 novembre, nous avons pu glaner une information de la police qui ne nous laissait pas sortir de la cour de l’immeuble du restaurant : « les maîtres-chiens sont encore en intervention dans l’hôtel particulier Louis Vuitton. ».
Nous avons pu supposer que le périmètre de sécurité imposé était lié à un problème avec le magasin Louis Vuitton… D’où notre interrogation sur ce genre de problème dans l’avenir.
Nous sommes clients fidèles de LVMH vins et spiritueux depuis toujours et nous comprenons l’importance du commerce de luxe pour notre pays. Notre réflexion concerne le gigantesque habillage de dorure dépassant généreusement la façade de l’immeuble LVMH sur l’accès de cette superbe et pourtant si sobre place Vendôme symbole de notre capitale. Nous avons dès l’ouverture, évoqué le côté provocateur de ce pêché d’exhibitionnisme susceptible de provocation aux yeux de certains et les risques d’engendrer vandalisme voir terrorisme provocateur…
Je reste convaincu que voisin du ministère de la Justice, la ville et l’Etat doivent réfléchir au mieux sur cette situation afin de ne pas nous retrouver perturbés économiquement dans nos activités sur le quartier par de fréquents barrages de police. Notre gestion actuelle ne nous permettra pas de supporter de nouvelles pertes sèches et nous devons nous protéger. Nous vous remercions de prendre connaissance de notre inquiétude et de nous aider afin de mieux gérer et d’anticiper de fâcheux événements.
Souhaitons que notre beau quartier ne devienne pas un terrain de jeu pour contestataires fanatiques de curieuses idéologies.
Nous vous prions d’accepter, Mesdames, Messieurs, nos meilleures salutations et avec un clin d’œil pour "David et Goliath"… Alain Dutournier