
Le chef de Maison Lameloise*** (Chagny) et MOF 2004 Eric Pras a reçu le 12 décembre dernier les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite. C’est Guillaume Gomez, MOF également et chef des cuisines de l’Elysée, qui lui a remis cette distinction récompensant son savoir-faire et son statut de chef exemplaire depuis des années, et ce, particulièrement au sein de la Maison Lameloise où il exerce depuis 2009.
Entouré pour l’occasion de sa famille, de ses proches, de son prédécesseur Jacques Lameloise et de ses amis (Serge Viera, Romuald Fassenet, Yohann Chapuis, Jean-Michel Carette), Eric Pras assurait publiquement et très humblement que son seul mérite est de faire quotidiennement ce qui le passionne et le porte : la cuisine.
Un beau moment lors duquel Guillaume Gomez a tenu à lui rendre hommage à travers un discours revenant sur la vie, la carrière et l’évolution du chef :
"Eric, tu as souhaité une cérémonie conviviale et intimiste réunissant ta famille, quelques amis, professionnels et collaborateurs… Ne m’en veux pas mais il est coutume que le Délégué, fasse l’éloge du Récipiendaire en usant du vouvoiement.
Je me dois, de retracer ta carrière, ton parcours exemplaire qui t’a valu cette belle reconnaissance de la Nation et qui nous réunit cet après-midi. Donc je ferais ton éloge dans les règles…
Eric, Fils de Madeleine et René Pras, respectivement assistante maternelle et conducteur d’engins dans les travaux publics … Vous êtes né le 1 mars, comme Justin Bieber ça c’est pour faire plaisir à vos filles… Vous, c’est en 1972 que vous voyez le jour à Roanne, ville ô combien gastronomique.
L’histoire, votre histoire allait pouvoir commencer. Après de courtes… mais studieuses études au collège Le Breuil à Saint Just en Chevalet vous vous dirigez vers des études d’hôtellerie au CFA de Mably près de Roanne. À chacun sa Madeleine de Proust et la vôtre se nomme Madeleine ! Puisque vous dites que « l’idée vous est venu de devenir cuisinier en regardant cuisiner votre mère, Madeleine… Plus tard, vous épousez Marie-Laëtitia avec qui vous aurez deux filles Inès et Charlise.
Côté professionnel… Tout commence en 1987… Après un CAP cuisine en alternance à l’hôtel central de Renaison que vous obtenez en 1989, vous rejoignez la maison Troisgros, déjà l’une des meilleures table du monde… pour y passer votre CAP restaurant en 1990 et votre bac professionnel de restauration en 1991.
Quelques mois entant que commis de cuisine et vous quittez Roanne pour Saulieu, vous y rejoignez une autre maison légendaire, en Bourgogne cette fois ci, le restaurant Bernard Loiseau, trois étoiles Michelin également… votre premier contact bourguignon ! C’est en octobre 1992 que vous revenez vers la Loire, sans la traverser, toujours dans un trois macarons Michelin, pour travailler avec un autre très grand chef, Pierre Gagnaire dans son restaurant éponyme. Fort de votre expérience chez ces 3 trois étoiles… La Patrie vous réclame !
Dans ces années obscures et lointaines ou le service national était encore obligatoire… c’est sous les drapeaux ou plutôt derrière les fourneaux du Ministère de la Défense que le pays vous demande de servir ! Un an ou vous serez responsable de la cuisine du mess, sous la coupe du Commandant Albert, lui-même responsable de récupérer tous les pistonnés capables de régaler, les généraux, les Ministres ou les Présidents… Après une année dans cette ville magnifique de Paris…
Pour compléter votre galaxie professionnelle, il vous fallait encore un trois étoiles… c’est en Alsace dans cette magnifique maison qu’est le Buerehiesel , dans le Parc de l’Orangerie à Strasbourg, aux côtés du chef Antoine Westermann entant que chef de partie que vous vous arrêtez. Suivront quelques belles journées à Cannes, à la Belle Otero, 2 étoiles Michelin de septembre 1996 à février 1998 et vous décidez après cette cure de vitamine D de quitter la côte d’azur… la chaleur et le soleil, pour rejoindre un chef formidable qui a compté et qui compte toujours dans votre parcours professionnel… le grand, l’immense, le seul, le vrai l’unique… je parle bien sûr de Régis Marcon…. Vous y arrivé en 1998 entant que chef de partie et c’est en sous-chef que vous quitterez Saint-Bonnet-le Froid en décembre 2000 par -26 degrés pour votre première place de chef de cuisine au Souleias à la Croix Valmer de 2001 à 2004… 2004, quelle belle année… pas seulement parce que nous nous rencontrons cher Eric! Mais c’est l’année ou après avoir participé au Taittinger, au Bocuse d’Or France et à une finale de MOF en 2000, vous remportez à Toulouse, le titre très difficile et envié d’Un des Meilleurs Ouvriers de France… De mémoire… vous avez eu à réaliser 3 plats pour 8 personnes…
Une petite année passe et pour vous retour aux sources… aux sources gelées… à St Bonnet-le Froid en février 2005 mais cette fois ci comme chef de cuisine du restaurant Régis et Jacques Marcon ou vous resterez à leur côté, aux commandes, jusqu’en décembre 2007.
Début 2008, marque un tournant dans votre carrière et même votre vie. Puisque vous rejoignez un autre grand chef, Jacques Lameloise, ici, à Chagny. On peut dire que la mayonnaise prend… puisque depuis le 1er janvier 2009 vous êtes avec votre associé, Frédéric Lamy, les heureux propriétaires d’une des meilleures tables de France, du monde même.
Vous avez conservé les trois étoiles Michelin que Jacques Lameloise avait fait briller pendant tant d’années. On peut dire que grâce à l’intelligence, au savoir-faire et au travail de deux grands chefs, vous avez réussi une très belle passation et sublime transmission. Mais, avec votre associé Frédéric, vous ne vous arrêtez pas là… il faut que cette belle maison Lameloise vive et traverse le temps… comme un nouvel élan, comme Jacques en son temps… vous investissez du temps et de l’argent pour embellir, rénover et amener ce grand Relais et Châteaux vers l’avenir.
Reconnu par la profession, bien qu’un garçon discret, vous êtes auréolé, récompensé, membres des Maitres cuisiniers de France vous n’hésitez pas à donner de votre temps pour former et transmettre votre savoir aux plus jeunes et celà à travers le monde. Pour votre investissement envers la cuisine française, la lumière que vous apportez sur cette maison, votre région et la France il était temps que la République vous sanctionne. Et vous attribue cet insigne de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite…"