Avec la perte des trois étoiles d’Olivier Roellinger et la fermeture annoncée du restaurant de Marc Veyrat, tous les deux autodidactes, s’approchant de la soixantaine, chefs patrons de Province, l’un et l’autre résolument créatifs, il semble qu’une époque se termine. Tous deux ont renoncé volontairement à leur distinction, fatigués physiquement de la pression qu’un tel niveau exige. Tous deux, privés de successeurs, n’ont plus trouvé les raisons de continuer la course à l’excellence. Curieusement certains chefs de la génération précédente comme Michel Guérard ou Paul Bocuse qui ont su s’organiser différemment continuent leur parcours sans faiblesse ni remise en question.
La promotion en trois étoiles est tout aussi significative : un chef de grande brigade hôtelière, à la technique éprouvée, représentant bien la nouvelle génération des chefs de gastronomie et ayant formé un nombre considérable de jeunes talents. Éric Frechon, depuis 10 ans au Bristol a su placer ce palace à un niveau qui lui semblait inaccessible depuis longtemps. Autre chef hyper technicien, Michel Roth, est enfin récompensé d’une distinction qu’il avait décroché avec des moyens moins conséquents à l’époque où il dirigeait la brigade de Lasserre ; un soulagement pour la profession qui ne comprenait pas le manque de reconnaissance d’une telle personnalité. Dans les neuf promotions en deux étoiles, l’arrivée de deux lyonnais rassure les Toques Blanches locales, et Georges Blanc peut être fier d’un de ses anciens, Jérôme Nutile, chef du Castellas dans le Gard. Les Corses