Un arrêt de la cour d’appel de Paris vient relancer le débat un peu trop vite enterré, de la protection des recettes en gastronomie. Alain Senderens, il y a presque vingt ans, avec la création de la Chambre syndicale de la haute cuisine, avait lancé l’idée d’assimiler la gastronomie à une activité intellectuelle et artistique. Ce qui d’ailleurs est évident. Une telle assimilation aurait dû aboutir à une protection des nouvelles recettes et à des droits d’auteur. Beaucoup ont trouvé l’idée farfelue et irréalisable. L’Oréal vient de gagner un procès sur des copies, par une société belge, propriété d’Indiens, opérant à Dubaï de plusieurs de ses parfums. Qu’est-ce qui différencie la recette d’un parfum de celle d’un plat ?
Sur un autre plan, un journaliste ou un photographe voit son travail protégé alors qu’il n’y a, dans la grande majorité des articles ou des photos de presse, quasiment pas d’originalité. A la différence du parfum, de l’article de presse ou de la photo, la recette n’est pas protégée et son auteur n’est pas reconnu.
Mais le journaliste ou la grosse société de cosmétique a des moyens que le cuisinier est loin d’avoir. Il y a là une injustice flagrante. Les chefs doivent réfléchir sur leur volonté de faire reconnaître leur travail intellectuel et artistique, comparé à ceux des compositeurs, des photographes et des parfumeurs. C’est une question d’honneur de la profession. Dans un premier temps, ils auraient intérêt à faire publier leur