Le Michelin, qui a toujours cultivé l’art du secret et du silence, malgré ses velléités de se rénover, garde un aspect d’ouvrage cabalistique, dont il faut trouver, par tâtonnements successifs, la clé du code qui décrypte les intentions de ses rédacteurs. Comprendre les règles qui ont amené à l’obtention, et surtout à la perte, des étoiles se révèle être un exercice fort complexe. Mais peut-être que ce mystère est la cause même de la réussite séculaire de l’ouvrage.
Brouiller les pistes
Expliquer et faire comprendre pourquoi tel chef est promu et tel autre est rétrogradé n’a pas bénéficié aux autres guides qui jouent la franchise. Trop de clarté et de simplicité devient trivial et n’entretient pas l’intérêt des spectateurs.
Et le Michelin a l’art de brouiller les pistes, mêlant l’évident au surprenant. L’évident, avec la nomination de Régis Marcon à la plus haute marche ; le surprenant, avec la rétrogradation des frères Pourcel. Ces derniers, qui avaient été promus à tout juste 33 ans, comme Alain Ducasse – un record -, se retrouvent presque à la case départ, alors qu’ils avaient renforcé depuis deux ans