Depuis trois ans, la presse française dans son ensemble reprend un classement annuel des restaurants réalisé par une revue professionnelle anglaise Restaurant. C’est comme si la revue Le Chef ou Le Journal de l’hôtellerie s’arrogeaient le droit de décerner le classement des meilleurs restaurants dans le monde. On crierait à la partialité. Plus inquiétant, Le Figaro s’est associé à cette opération, donnant en France une forte crédibilité à cette opération de relations publiques anglo-saxonne. Les Anglo-Saxons excellent dans ce genre de classement au point d’imposer régulièrement leurs enseignes en hôtellerie. Pour la haute gastronomie, El Bulli est encore présent comme le sommet et, dans les dix premiers, on ne trouve que trois Français à la troisième, sixième et huitième places, quatre Anglo-Saxons (Grande-Bretagne, Californie, Australie, New York) et trois Espagnols, dont le premier. Depuis trente ans, la presse anglo-saxonne a essayé de montrer que la France a perdu sa primauté en haute gastronomie. Après beaucoup d’essais infructueux, le fait d’avoir trouvé la carte espagnole a permis une déstabilisation de la haute gastronomie française et donc d’introduire des Anglo-Saxons dans les premières places.
L’idée de faire un classement des restaurants en France paraît ridicule, bien que le pays soit petit, et qu’un individu puisse faire le tours des plus grands établissements. Mais avaliser l’idée qu’un classement mondial soit sérieux, relève de la supercherie la plus totale