: Quelle forme a votre démarche créative ?
Olivier Roellinger : En fait, je ne me suis jamais posé la question. Je vis ma cuisine de façon très affective, c’est ce qui doit en être le moteur. J’ai abandonné une carrière de chimiste pour la cuisine. Je trouve cocasse que l’on me rebatte les oreilles avec la chimie comme source d’inspiration de la cuisine. Je suis venu à la cuisine par rejet de ce qui était rationnel et pour me rapprocher du sensuel et de la nature. J’étais à la recherche d’un moyen d’expression. Durant mes ennuis de santé, à 21 ans, je n’avais pas la musique ou la littérature comme dérivatif. C’est la cuisine qui m’a attiré et la possibilité qu’elle me donnait de raconter une histoire à travers elle.
GG : Que voulez-vous exprimer ?
OR : D’abord le bonheur de vivre au quotidien, ensuite mon environnement naturel comme la mer et toutes ses richesses ainsi que ceux qui nous apportent tous ces produits de la nature : le pêcheur de homards, de crevettes, la ramasseuse de bigorneaux. Ce contact avec la nature m’amenait à une notion d’harmonie. Je pense qu’un cuisinier est lié à un lieu, surtout dans mon cas. J’ai l’impression que ma cuisine n’a rien à dire ailleurs. Et d’ailleurs, elle ne peut que se consommer ici, dans le pays de Chateaubriand, avec les embruns du chemin des Douaniers ainsi