A l’annonce de la perte de la troisième étoile pour Emile Jung, les chefs alsaciens ont eu une réaction jamais vue. Ils se sont tous retrouvés devant le Crocodile pour acclamer Emile et lui assurer qu’il restait pour eux aussi bien et aussi exemplaire qu’auparavant. Tous les chefs étaient là, y compris le dernier promu en trois étoiles venant de la frontière allemande à la frontière suisse. En plus, ils se sont cotisés pour payer une pleine page dans Les Nouvelles d’Alsace afin de vanter les mérites d’Emile. Lorsque l’on connaît le prix d’une pleine page de publicité dans un quotidien à fort tirage, on mesure que le geste des chefs alsaciens n’était pas que symbolique. Etonnante Alsace, région la plus étoilée au nombre d’habitants, où la culture de l’excellence va de pair avec une solidarité sans faille. Quelle leçon de confraternité pour tous les chefs de France.
Quant à Emile, il fut quand même aussi surpris devant cette démonstration d’amitié que d’avoir perdu son étoile. Emile reste très aimé de toute la profession, et ce n’est pas pour rien qu’il fut élu Chef de l’Année par ses pairs en 1989. Avec les pertes de troisième étoile des années précédentes, il semble que Michelin, n’osant pas renouveler son effectif en touchant les «institutions», choisit régulièrement des promus de dix à treize ans d’ancienneté comme victimes.
Pour nous, Emile donne une aussi belle prestation en 1989 qu’en 2002.