Michel Bordage, c’est un sage. Un discret qui travaille dans son coin, loin des sunlights, comme un artisan qui se méfie du génie comme du flirt avec les médias, source d’une notoriété aussi dangereuse qu’éphémère. Il en sait quelque chose, Michel Bordage. Son beau-frère, c’est Jean-Marie Amat, il n’y a pas si longtemps le chef le plus adulé de Bordeaux, locomotive incontestée d’une ville qui aurait trop tendance à dormir sur ses lauriers, d’ailleurs bien minces puisque, aujourd’hui, trois restaurants seulement peuvent se prévaloir d’un macaron Michelin.
Michel Bordage, lui, est un besogneux, dans le meilleur sens du terme. Pas à l’école, quand il se morfondait au fond de la classe, jusqu’à ce que son père renonce à lui faire poursuivre des études pour le présenter à un patron, à Blaye, sur la rive nord de l’estuaire de la Gironde. C’est en 1969, à 16 ans, que le jeune homme commence son apprentissage à l’hôtel-restaurant Le Bellevue. Aujourd’hui âgé de 50 ans, Michel Bordage se souvient de ces débuts difficiles : «J’étais tout gringalet à l’époque, j’allais chercher le bois dans la cave pour alimenter le fourneau. Le patron trouvait que je n’étais pas assez vif, il a dit à mon père que je ne ferai jamais un bon cuisinier». Comme quoi on peut se tromper !
Après cette première expérience peu satisfaisante, Michel Bordage trouve une place au Bikini à Bouliac, chez Lucienne et