Dans certains pays, on parle beaucoup plus que dans d’autres. En France, la technicité séculaire du métier de cuisinier, qui a amené l’admiration des plus rigoureux, à savoir les Japonais, pousse les chefs à privilégier le geste à la parole. Du coup, les médias, avides de débats et de paroles ainsi que de spectacle, restent un peu sur leur faim.
Par ailleurs, la créativité française, en gastronomie comme dans d’autres formes artistiques, a rarement été influencée par le baroque, à la différence des Catalans par exemple qui, en peinture, en architecture comme dernièrement en gastronomie, ont souvent été tentés par cette vision extrême de la nouveauté et de la rupture avec le passé.
Connecté avec le passé
La créativité française en gastronomie n’a été que rarement une rupture avec le passé, une volonté de faire table rase, de repartir de zéro. Car l’héritage gastronomique français est trop riche et trop diversifié pour être ignoré, même dans une démarche de différenciation. L’acquis technique de chaque cuisinier est trop conséquent pour être jeté aux orties, comme ce fut le cas dans les novations de l’art pictural et sculptural en Italie au xvie siècle.
La créativité française s’enrichit très souvent de l’histoire. Histoire de la cuisine, mais aussi histoire de la civilisation. Le créatif français trouve une partie de son inspiration dans le passé. La géographie est aussi fortement présente dans la créativité française du fait de l’extraordinaire richesse