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©Geraldine Martens
©Geraldine Martens

Avec une popularité qui ne se dément pas et une offre gastronomique ambitieuse qui ne cesse de s’étoffer en France et à l’international, Cyril Lignac est un observateur avisé du monde de la restauration. Implantation à l’étranger, recrutement, modèle économique de la haute gastronomie, course aux étoiles : nous passons au crible de son regard perçant tous les sujets brûlants du moment.

 

Vous avez ouvert il y a deux ans à Londres dans le quartier de Mayfair. Quel bilan faites-vous de la situation post-Brexit ? Y vivez-vous les mêmes difficultés de recrutement qu’en France ?
Cyril Lignac : Depuis le Brexit, beaucoup de choses ont changé. C’est un peu compliqué pour faire venir des collaborateurs en Angleterre notamment à cause des visas. Mais en termes de business, de restauration, les Londoniens

Ischia © Yann Deret

sont bien là et les touristes viennent toujours à Londres. Londres reste une capitale très artistique, avec la Frieze Art Fair, les Fashion Weeks, des événements qui amènent de l’énergie. En Angleterre, ce ne sont pas tellement les Anglais qui font ce métier, c’est très cosmopolite. En dehors de mon chef, qui est de Newcastle et de mon directeur de restaurant, qui est londonien, l’équipe vient de

Photos ©Anne Emmanuelle Thion
Photos ©Anne Emmanuelle Thion

Benjamin Patissier, La Chabotterie* à Montréverd (85)

 

Meilleur Ouvrier de France et titulaire d’une étoile au guide Michelin, le chef n’a de cesse de relever des challenges, guidé par une soif de dépassement de soi qui l’habite depuis toujours.

 

« J’ai eu très jeune envie de faire un métier manuel et en relation avec la nourriture », explique Benjamin Patissier. Bon élève, le jeune homme passe un bac général avant de s’adonner à ses envies de cuisine. Dès l’âge de 15 ans, il emploie ses vacances à travailler dans le restaurant d’un ami de la famille. L’occasion de se confronter à la réalité du milieu, « c’est-à-dire travailler quand les autres s’amusent ». Sa vocation s’en trouve confortée. « Ce qui me plaisait, c’était de toucher les produits, de les transformer, d’avoir cette adrénaline du coup de feu », explique-t-il avec le recul. « Je faisais pas mal de sport dans ma jeunesse, je retrouvais le côté un peu challenge dans la cuisine », complète-t-il. Il s’engage alors à l’école hôtelière.

Le goût de la haute gastronomie lui vient très tôt : « Je me suis dit, quitte à faire un métier manuel, le plus important c’est de le faire bien et d’aller toucher l’excellence. » « Je voulais faire

© Remy Tortosa
© Remy Tortosa

Géraldine Martens, qui shoote des chefs étoilés comme Gregory Marchand (Frenchie* à Paris) mais aussi des festivals gastronomiques (Taste of Paris) est une habituée de la scène food. Elle nous éclaire sur l’importance de disposer de photos professionnelles pour les chefs de cuisine. La tendance est à une image de plus en plus maîtrisée, en lien avec l’essor des réseaux sociaux.

Dans quel cadre les chefs vous sollicitent-ils
pour des shootings ?
Géraldine Martens : Je fais souvent des shootings pour les ouvertures de restaurants avec les agences de communication : on fait un gros shooting qui sert à illustrer le dossier de presse, on crée une belle banque d’images. C’est le fait d’avoir un très beau dossier de presse qui va permettre de déclencher les rendez-vous avec les journalistes. Il y a une grosse exigence portée sur ces photos, qui doivent donner envie aux médias et correspondre aux critères et formats des journalistes. La qualité, ce n’est plus juste de faire un très joli plat, on cherche à avoir la plus belle photo possible.

Et pour les portraits de chefs, que recommandez-vous ?
G.M. : Je fais généralement un portrait studio, pris sur un fond blanc neutre, comme ça la photo peut passer dans n’importe quel support média. Mais c’est bien aussi d’avoir un portrait en immersion, en cuisine, en posant ou en action. Les chefs sont parfois plus

Photos ©Shuttesrstock
Photos ©Shuttesrstock

Chefs qui gèrent eux-mêmes leurs réseaux, ou qui délèguent le sujet à des experts, tour d’horizon et retours d’expériences avec des maîtres en la matière.

 

172 millions
Nombre de vues sur la vidéo
la plus regardée de Cédric Grolet

+180%
Croissance du compte Instagram
de Cédric Grolet ces 12 derniers mois

7,2 millions
Nombre d’abonnés de Cédric Grolet sur Instagram

 

Contrairement aux autres facettes du métier de chef, comme la comptabilité ou l’administratif, qui concernent essentiellement les chefs propriétaires, la communication est une préoccupation universelle dans le domaine de la gastronomie. Ce que confirme Christian Le Squer (Le Cinq***, Four Seasons George V – Paris) : « Aujourd’hui, la communication est très importante. Avant, le consommateur se déplaçait par rapport au bouche-à-oreille. Aujourd’hui, le faire savoir est très important. »

Nourrir sa marque
à travers les réseaux…
Si les relations presse et la gestion des réseaux sociaux du restaurant Le Cinq, où officie Christian Le Squer, sont assurées par le palace, le chef s’occupe personnellement des comptes à son nom. « Quand je suis arrivé au George V, je me suis formé avec un chargé d’image qui s’occupait plutôt de personnalités politiques ou du CAC 40 et non pas de chefs. » « Ça m’a permis d’avoir une

Photos © P. Lattes
Photos © P. Lattes

Anthony et Fumiko Maubert, Assa à Blois (41)

 

« Je suis cuisinier, donc chez moi, pas de plateau de fromages, ce produit se doit d’être travaillé comme un plat. De manière générale, j’aime travailler en monoproduit : je voulais mettre en avant cette tome de brebis de chez Stéphanie Aubert, de la Bergerie de bois d’Enhus à Limeray. J’ai une affection particulière pour ce produit et ce producteur. Et comme tout ce que je travaille, cela vient d’autour de chez moi.
J’ai décliné la tome en plusieurs textures, avec du fondant, du croustillant, du chaud, du froid, du fromage frais, du fromage affiné ou non. On obtient ainsi plusieurs saveurs avec un seul et même produit.
Je fais mon affinage moi-même depuis quelques années, parce que je n’arrivais pas à avoir exactement le résultat que je voulais. En fonction de la durée d’affinage, le goût peut être plus subtil, plus puissant, plus salin, plus piquant ou plus sec. La saison, ce qu’ont mangé les brebis ou l’humidité jouent dans le résultat. Dans cette recette, j’utilise la tome affinée râpée en finition, comme un assaisonnement. Elle vient remplacer la fleur de sel. »

 

 

« Le fromage doit être travaillé comme un plat »

Anthony et Fumiko Maubert

 

 

Photo DR
Photo DR

Du comté dit « d’exception » et affiné jusqu’à 36 mois, au reblochon maturé 15 jours minimum, l’art de l’affinage est une pratique qui nécessite patience, œil averti et passion pour le produit. Travail de tous les instants et ultime étape avant la dégustation, ce processus révèle l’âme des fromages à travers la complexité de leurs saveurs.

 

Depuis le Moyen Âge et son invention par les moines d’Europe, l’affinage est la dernière étape de la production du fromage.

© Natalia Khoroshaieva

« Les producteurs se donnent beaucoup de mal, mais sans l’affinage, le fromage sera bon… mais pas très bon. » C’est ainsi que Marie-Anne Cantin, fromagère-affineuse dans le 7e arrondissement de Paris, décrit cette étape cruciale dans la fabrication d’un fromage. Un fromage affiné est un produit fini, au summum de sa superbe. Au cours de cette période plus ou moins longue, le fromage atteint sa texture définitive et développe toute une palette de saveurs qui le rendent caractéristique.
Tous les fromages ne sont pas affinés : les produits frais, consommables dès leur égouttage, n’ont pas besoin d’être affinés. Les fromages à pâte pressée non cuite, ceux à pâte persillée ou encore les fromages à pâte pressée cuite, suivront des durées d’affinage différentes, selon leurs

Photos © P. Lattes
Photos © P. Lattes

Michaël Bartocetti, L’Orangerie Four Seasons à Paris (75)

 

« Le gin fait partie des alcools qu’on croit connaître mais qu’on connaît finalement peu. Je l’ai redécouvert il y a peu de temps, car il y a désormais des références beaucoup plus qualitatives sur le devant de la scène. On boude parfois les desserts avec de l’alcool, mais avec de la réflexion et une justesse des assaisonnements, on peut les faire apprécier à des clients qui n’aimeraient pas ça habituellement. Le but est de ne pas faire ressentir l’alcool et pour cela, il faut s’en servir à bon escient. Dans cette recette, je voulais trouver un gin très parfumé en genièvre. L’intérêt du gin dans une recette, c’est qu’il apporte une fraîcheur printanière Je l’utilise comme un condiment, il apporte du relief. On a fait beaucoup de tests et essayé une quinzaine de références de gins avant de s’arrêter sur celle qui nous a convaincus. »

 

 

« J’utilise le gin comme un condiment, il apporte du relief »

Michaël Bartocetti

 

 

Agrumes de damien blasco frais et confits, betterave, granité au gin

Recette pour
10 personnes

 

POUR LES PAMPLEMOUSSES CONFITS
■ 500 g de quartiers de pamplemousse

Rhubarbe de Saint-Riquier rôtie en croûte de sucre et genièvre, Mamia rafraîchi au bitter/gin par Michaël Bartocetti DR
Rhubarbe de Saint-Riquier rôtie en croûte de sucre et genièvre, Mamia rafraîchi au bitter/gin par Michaël Bartocetti DR

Grâce à une scène cocktail bouillonnante, les spiritueux prennent une place de choix en cuisine. Focus sur le gin, dont la production made in France se révèle particulièrement dynamique et inspire les chefs.

 

Producteurs cités dans l’article :

• Philippe Laclie, de la distillerie Bercloux
• Pauline Raffaitin, d’Anaë
• Julien Roques, de Baccae

 

« Cela fait déjà maintenant 5-6 ans qu’on sent un certain essor du gin, avec une accélération majeure ces 2 ou 3 dernières années », confie Philippe Jugé, expert en spiritueux et fondateur du salon des spiritueux français France Quintessence et

Pauline Raffaitin ©Anaë

du Paris Cocktail Festival. Une tendance qu’il explique par une évolution du goût et des envies des consommateurs : « On assiste à un retour de l’amertume. Or c’est l’une des caractéristiques du gin. Les baies de genièvre et les aromatiques, notamment les agrumes, vont dans cette direction. » De nombreuses marques ont vu le jour, avec des offres pointues qui s’appuient sur des aromatiques choisies avec soin.

Philippe Laclie, de la distillerie Bercloux, qui distille notamment pour plusieurs marques (L’Acrobate, Lord of Barbès…), revient sur le principe de fabrication du gin : « La réglementation distingue 3 catégories

Photos © Laurence Barruel
Photos © Laurence Barruel

Jérémy Clavel, Les Maisons Marcon*** à Saint-Bonnet-le-Froid (43)

 

Fort d’un parcours effréné, Jérémy Clavel s’investit depuis avril 2014 au sein des Maisons Marcon et ce, en osmose avec les équipes de salle et cuisine. Il prône un rigoureux service 3 étoiles, tout en décontraction, pour satisfaire pleinement la clientèle.

 

Natif de Gap, Jérémy Clavel passe son enfance dans la station des Orres et fait ses premiers pas dans le métier au sein du restaurant familial à Embrun. « J’ai vécu trois saisons, à la plonge et en salle, comme une punition bénéfique, j’étais un rebelle à l’école ! D’un tempérament plutôt timide et introverti, la pratique du service m’a permis de m’ouvrir aux autres », confie-t-il.
Après le CAP et BEP Service à Gap, il obtient le bac pro Service & Commercialisation, en alternance, au CFA de la CCI du Vaucluse à Avignon et à l’Auberge de Cassagne au Pontet, 1 étoile Michelin. « Aux côtés d’André Trestourd et de Jean-Luc Planelles, je découvre une autre façon de travailler en salle et ils me transmettent le goût du vin. » Tant et si bien qu’il décide d’obtenir la mention complémentaire Sommellerie au lycée professionnel Renée Bonnet à Toulouse, avec à la clé, un stage chez Michel Trama à Puymirol, qui se poursuit

Photos © Hervé Fabre (Vignes, boutique, château)/ © Blandine Vié (Gamme vins, portrait)
Photos © Hervé Fabre (Vignes, boutique, château)/ © Blandine Vié (Gamme vins, portrait)

Domaine Château La Calisse, à Pontevès (83)

 

Au nord de l’appellation, derrière la silhouette arrondie du mont des Bessillons, en altitude sur la commune de Pontevès, se niche le vignoble de La Calisse, l’un des vignobles les plus prestigieux de Provence conduit par une vigneronne au style affirmé.

 

C’est le 21 juin 1990 que Patricia Ortelli a racheté le vignoble de La Calisse lors d’une vente aux enchères à la bougie où elle était arrivée en retard et dont elle dit que c’est sûrement un peu de magie qui a fait souffler la dernière bougie car elle a entendu « Adjugé ! Vendu ! » sans bien réaliser qu’elle était devenue propriétaire d’un vignoble à l’abandon au cœur des collines provençales. Peu à peu, Patricia Ortelli a entièrement reconstitué le domaine, replantant les vignes dans le sens nord/sud sur des terres aux textures équilibrées (collines de dolomites calcaires du jurassique) qui ont été sous-solées, drainées, nivelées et s’étendent sur plusieurs terrasses bien ensoleillées. Situé à une altitude de 380 m dans une conque génératrice d’un microclimat, ce terroir est très favorable à la vigne qui y était déjà cultivée par les Romains.

Le regard d’une esthète passionnée
Éduquée au vin dès son plus jeune âge par son père, Patricia est devenue vigneronne

©Alys Thomas
©Alys Thomas

Amandine Pastourel, La Dame de Pic* à Paris (75)

 

Attachée à la satisfaction de ses convives, Amandine Pastourel propose depuis 2018 des accords mets & boissons, permettant de faire découvrir l’univers de La Dame de Pic aux petits comme aux grands.

 

Enfant, l’univers d’Amandine Pastourel ne la poussait pas vers la sommellerie, si ce n’est pour un oncle restaurateur : « Aux fêtes de famille, j’étais toujours dans ses pattes. » Pourtant, elle fait ses études à Illkirch puis un brevet professionnel à Tours. « Ces deux ans m’ont permis de voir les vignobles, de sortir de la pratique et d’aller vraiment sur le terrain », explique-t-elle.
C’est lorsqu’elle participe au Trophée Antonietti qu’elle comprend que la sommellerie est faite pour elle : « En cours, nous avions des dégustations le matin et j’avais goûté un beaujolais peu de temps avant le concours : il est tombé aux épreuves et en retrouvant ces saveurs, j’ai eu un déclic : je voulais être sommelière. »
Pendant ces deux années d’études, Amandine Pastourel rejoint le Spring à Paris. Aux côtés de Jonathan Bauer-Monneret, elle découvre l’univers des accords. « On travaillait un menu unique et la clientèle nous laissait carte blanche sur les accords. J’ai adoré cet univers. »
Après quatre années au Spring, la jeune femme tente l’univers de la cave, qui l’ennuie très vite. C’est alors que Paz Levinson, cheffe sommelière

Photos © D. Thomas-Radux
Photos © D. Thomas-Radux

Daniel Lutrand, Pastis Restaurant* à Montpellier (34)

 

À la tête de Pastis Restaurant avec son associé depuis juillet 2012, Daniel Lutrand a été le premier chef cuisinier de Montpellier à ne proposer que des menus surprise. La variété de ses inspirations lui a permis et d’imposer ce néo-bistrot dans le paysage gastronomique local, et de décrocher une étoile Michelin en 2021.

 

Une formule déjeuner et un menu en trois services le midi, un seul menu avec déclinaison de plusieurs mets le soir. Au Pastis Restaurant, c’est le chef qui décide ce que vous mangez, et c’est comme ça depuis douze ans ! « Il est certain que l’idée du menu unique ne me serait probablement pas venue si je n’avais pas travaillé chez Pascal Barbot. Et puis cela règle la difficulté de gérer une carte », confie Daniel Lutrand, qui vient de fêter ses 42 ans. Avec le directeur de salle et sommelier Jean-Philippe Vivant (38 ans), ils se sont rencontrés au milieu des années 2000, chez Michel et Sébastien Bras à Laguiole. Daniel, originaire de Laguiole et titulaire d’un bac pro obtenu au lycée hôtelier de Villefranche-de-Rouergue, avait déjà travaillé à l’Oustal del Barry à Najac puis au restaurant d’Isabelle Auguy à Laguiole. Il fera ensuite un passage de trois ans à l’Astrance avant son retour dans le Sud. Jean-Philippe avait obtenu un BTS à Saint-Chély-d’Apcher avant une formation complémentaire à

© E. Niel
© E. Niel

Julien Montbabut, Le Monument* à Porto (Portugal)

 

Bon élève à l’école, Julien Montbabut a choisi la voie de la restauration par pur amour de la cuisine. Travailleur et chanceux, il a su profiter il y a 5 ans de cela d’un alignement idéal des planètes lui permettant de devenir, aujourd’hui l’un des 7 chefs étoilés de Porto. Un parcours qu’il raconte avec brio via deux menus uniques, au bien nommé restaurant Le Monument.

 

Ambassadeur d’un savoir-faire gastronomique français d’exception, il conjugue technicité « made in France » et produits du terroir portugais au travers de menus reflétant son parcours, de Paris à Porto. Pourtant, Julien Montbabut n’aurait jamais imaginé quitter sa France natale, il y a encore quelques années de cela.
Parisien d’origine, cet aîné d’une fratrie de 5 enfants aimait seconder sa mère en cuisine, lors de la préparation des repas familiaux. « L’occasion pour moi de partager de jolis moments avec elle, de lui raconter mon quotidien. À force de l’aider, j’y ai pris goût », se souvient Julien. Aussi, lorsqu’il s’agit de s’orienter au collège, « la cuisine s’est naturellement imposée à moi. Mais à l’époque, cette voie était surtout réservée à ceux qui étaient en échec scolaire, c’était une “voie de garage”, un apprentissage absolument pas valorisé. Mais un petit stage à La Closerie des Lilas (Paris 6e) a fini de me convaincre ! ».

©Louise Jean-Baptiste
©Louise Jean-Baptiste

Maxime Maniez, Fleur de Loire** à Blois (41)

 

À 32 ans, le chef pâtissier de l’hôtel de luxe Fleur de Loire met son amour des produits et de la nature au service d’une pâtisserie aussi engagée et transparente que la cuisine du chef Christophe Hay. Sa pâtisserie est le sincère reflet de sa formation en boutique, de sa décennie passée en Asie et de son apprentissage récent des herbes et plantes locales : une pâtisserie désucrée, délicate et texturée.

 

Avec un père boucher-charcutier et un oncle boulanger-pâtissier, Maxime Maniez a baigné dans l’artisanat culinaire dès sa naissance. D’abord attiré par la chocolaterie dont il avait une image artistique et méticuleuse, il démarre finalement son apprentissage dans une boulangerie de village proche du Mans. « À 14 ans, j’ai dû vite apprendre la rigueur, les horaires et un travail très physique, mais cela m’a plu. » Studieux, persuadé que les études ne peuvent que le porter plus vite et plus loin dans le métier, il réalise successivement un CAP Pâtissier, un BP Boulangerie puis un BTM en Pâtisserie qu’il réalise à Paris où il découvre l’univers de la pâtisserie parisienne en travaillant pour Jean-Yves Tartarin qui le prend sous son aile : « Il est plus qu’un mentor pour moi, il est un deuxième père. Il m’a offert un tremplin. » En 2012, à 21 ans, souhaitant toujours en apprendre davantage, il cherche

Photos © cleps sauf ©Thomas O'Bien
Photos © cleps sauf ©Thomas O'Bien

Mathieu Desmarest, Pollen* à Avignon (84)

 

Petit, c’est le gâteau aux carottes de sa grand-mère que Mathieu Desmarest adorait cuisiner. Une recette simple, à l’image de la cuisine qu’il pratique aujourd’hui dans son restaurant Pollen*. Passionné par l’univers de la gastronomie depuis toujours, ce chef avignonnais se dévoile en toute humilité et laisse parler le naturel des produits.

 

Mathieu Desmarest n’a pas grandi dans un environnement culinaire, et pourtant : dès l’âge de dix ans, la cuisine le passionne. « Cette passion pour la cuisine m’est tombée dessus, je ne sais pas comment. Depuis que j’ai dix ans, je suis

Courgettes grillées, maquereaux, pourpier

passionné par le métier de cuisinier et de chef : je me rappelle les reportages à la télévision, sur les grandes brigades et la hiérarchie qui allait avec. Ça me fascinait », se souvient-il.
Dès qu’il a 16 ans, il claque la porte de l’école et intègre l’école hôtelière d’Avignon, où il fait un BEP Cuisine en alternance auprès de Bruno D’Angélis, à l’Hôtel d’Europe d’Avignon. « Au bout de deux ans, je termine major de ma promotion et me lance dans le concours des Meilleurs Apprentis de France, que je remporte en 2008. »

De MAF

© Lea Gil
© Lea Gil

Louis Rameau, Château de Berne* à Flayosc (83)

 

Au contact des cuisines du monde, découvertes pendant une décennie à l’étranger, le jeune chef a acquis une philosophie culinaire et des techniques qu’il se plaît à déployer en Provence.

 

Toulousain d’origine, né dans une famille aveyronnaise, Louis Rameau a tout jeune passé beaucoup de temps entre les Landes, le Pays basque et les Cévennes. Sans attache dans la restauration mais le goût des bonnes choses appris à la table familiale, l’adolescent se dit que « si on peut en faire un métier, pourquoi pas se lancer ? ». Les débuts au lycée hôtelier sont difficiles, mais grâce à des professeurs de cuisine « très rigoureux, très cadrés et très pragmatiques » à la « bienveillance un peu paternelle », le jeune homme s’accroche. Très tôt, il prend conscience qu’il n’est « pas très confortable avec ce système très hiérarchisé, très militarisé de la cuisine ». Loin de ses premières expériences professionnelles, Louis Rameau promeut aujourd’hui « une bienveillance collective », qui permet « à tout le monde de s’épanouir, quel que soit le niveau, plutôt que d’être enfermé dans une hiérarchie ». Sa carrière démarre vraiment à l’Hôtel du Palais, à Biarritz, où il découvre « une cuisine très classique, un peu intemporelle », véritable « point de repère » « nécessaire à [s]on apprentissage ». Il y passera deux années, avant de partir pour la

©Pascal Kyriazis
©Pascal Kyriazis

Lucie Berthier Gembara, Sepia à Nantes (44)

 

Après des escales en Californie et à Marseille, la Nantaise d’origine est revenue aux sources pour lancer son restaurant qui fait la part belle aux produits de la mer et aux saveurs du monde.

 

Originaire de la région nantaise mais voyageuse dans l’âme, Lucie Berthier Gembara profite de ses études pour partir à la découverte du monde, passant une année en Californie (États-Unis). C’est là qu’elle prend goût à la cuisine et aux grandes tablées. Avec cette envie de partage chevillée au corps, elle s’inscrit à l’Institut Paul Bocuse à son retour en France. « Le

Shiso taco ©NinaDucleux

premier stage où j’ai été envoyée a été très très dur, j’étais jeune, j’étais la seule fille. Il y a beaucoup de choses que j’ai apprises à cette période-là que je n’ai pas voulu réitérer, en termes de management, d’ambiance… », explique la cheffe avec pudeur.
Très vite, elle s’oriente vers la haute gastronomie : « Le parcours étoilé s’impose à l’Institut Paul Bocuse parce qu’on est formés par des grands chefs. » Son envie de travailler le poisson et de se confronter à de grandes brigades la conduit chez Gérald Passedat, puis chez Alexandre Mazzia.

© E. Niel
© E. Niel

Bruno Aubin, Le Cléo au Narcisse Blanc***** à Paris (75)

 

Une famille qu’il affectionne, des souvenirs mais aussi des couleurs, un parfum ou même quelques notes de musique : pour Bruno Aubin, l’inspiration est partout. Un souffle créateur fécond et teinté de perfectionnisme qui confère à sa cuisine des saveurs aussi uniques que variables, au gré de ses inclinations.

 

Si rien ne le prédestinait à faire carrière dans l’univers de la gastronomie, Bruno Aubin s’est très vite pris de passion pour la cuisine. Petit, il ne quittait pas les grandes tablées familiales avant d’avoir goûté à tout… à l’exception de la junk food, substituée par les mémorables escargots de sa grand-mère.
C’est à Vouillé (Deux-Sèvres) qu’il grandit et se façonne un palais – notamment influencé par les retours de chasse de son grand-père et de ses civets de gibier.
Adolescent, lorsque la question de l’orientation se pose, ses bons résultats scolaires n’empêchent pas sa famille de l’encourager à quitter un cursus scolaire général pour se lancer dans un BEP/Bac pro/BTS Cuisine au lycée hôtelier de La Rochelle.

UNE MOTIVATION INALTÉRABLE
Volontaire et soucieux de bien faire, Bruno fait preuve d’une curiosité insatiable. Sa soif d’apprendre n’a pas de limite – ce qui lui a parfois porté préjudice : « J’essayais toujours de faire plus et mieux, ce qui pouvait être pris pour de l’arrogance. » Son rapport

Photos ©Roza Sayfullaeva
Photos ©Roza Sayfullaeva

Charles Coulombeau, La Maison dans le Parc* à Nancy (54)

 

Accompagné de son épouse Roxane, le jeune disciple de Michel Guérard a pleinement trouvé sa place dans sa ville d’adoption, où il fait rayonner le terroir local comme les influences japonaises chères à son cœur.

 

C’est peut-être dans les pique-niques de ses dimanches soir en famille qu’est née la vocation de Charles Coulombeau. Alors que chacun a le droit « de manger ce qu’il lui plaît à l’heure qu’il veut », le jeune Charles et son frère se mettent en cuisine.

Chocolat, persil, sichuan

Quelques années plus tard, alors que le décrochage scolaire et sportif le guette après une blessure, il s’oriente, un peu par hasard, vers l’école hôtelière. « L’organisation militaire, le respect des techniques et des traditions, les valeurs paysannes » : tout lui plaît. Un premier stage chez Jean Cousseau à Magescq (Le Relais de la Poste**) puis deux années d’apprentissage chez les frères Ibarboure (La Table des Frères Ibarboure*) le confortent dans cette voie et lui permettent de rencontrer sa femme Roxane, devenue son associée et son binôme en salle. C’est ensemble qu’ils poursuivent leur parcours chez Michel Guérard, une rencontre décisive à bien des égards : pour la

Photos ©Myphotoagency.com
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Au cœur de la Ville rose, le jeune chef de 37 ans, âme d’artiste et détermination chevillée au corps, délivre une partition culinaire poétique et inspirée. Pour cet homme pressé, entrepreneur à 22 ans, étoilé à 30, le succès se conjugue en famille, dans un restaurant éminemment personnel et incarné. Rencontre avec un chef à trajectoire fulgurante, qui a fait de la discrétion un mode de vie.

 

De ses jeunes années à Toulouse, Pierre Lambinon garde profondément ancré le souvenir de parents « aimants et protecteurs » – lui, médecin généraliste, elle, mère au foyer. Le chef porte aujourd’hui encore la marque de cette enfance heureuse aux côtés de son frère Clément, avec qui il travaille aujourd’hui. Sa famille est d’ailleurs intimement associée au projet – sa cousine fait également partie des associés – et l’on retrouve des créations de sa mère dans les arts de la table. Passionné de chevaux et d’équitation – il rêvera un temps d’en faire son métier – le jeune homme se révèle, dès le collège, « peu intéressé par le système scolaire ». Celui qui a « toujours dit à [s]es parents qu’[il] voulait être cuisinier » s’oriente dans cette voie à la fin de la 3e et entre à l’école hôtelière de sa ville